La liste définitive des bénéficiaires de logement de fonction au profit des enseignants universitaires de Constantine sera finalisée et rendue publique le 21 du mois en cours. Pas moins de 757 enseignants sur 1109 demandeurs, issus des quatre universités de Constantine, se verront attribuer des logements de fonction, et ce, au terme d'un long processus qui, tout compte fait, n'a pas été un long fleuve tranquille. Retards, accusations et recours, l'élaboration de cette liste a connu exactement le même cheminement propre aux attributions de logements sociaux. Les artifices inventés par le citoyen lambda en quête d'un logement social ont été indéniablement et soigneusement copiés par certains enseignants universitaires mécontents : vociférer à tue-tête, entraver la circulation en empêchant le passage du tramway,… divorcer un laps de temps pour que les conjoints puissent décrocher chacun un logement et vilipender le Dr Boukhelkhal, recteur de l'université des sciences islamiques Emir Abdelkader, président de la commission de wilaya d'attribution des logements de fonction via Facebook. En clair, tous les coups sont permis. Dans une déclaration à El Watan, ce dernier a affirmé avoir beaucoup ferraillé, se justifiant à chaque fois pour finaliser cette fameuse liste. Une liste visée, pour rappel, par le ministère de tutelle, lequel supervise un programme national de 10 000 logements décidés par le président Bouteflika. La frénésie engendrée par cette attribution de logements de fonction est d'ailleurs telle qu'un échange épistolaire froid entre le président de la commission de wilaya et le CNES a marqué le début de ce mois de juin et renseigne, on ne peut mieux, sur la difficulté de la commission de wilaya à satisfaire tout le monde. Le travail a, pourtant, été balisé en amont avec l'énumération par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique (MESRS) des critères et modalités de sélection des bénéficiaires pour l'attribution des logements de fonction. «Nous avons respecté toute la procédure et toutes les parties ont participé aux différentes étapes de confection de la liste des primo bénéficiaires. Celle-ci a été affichée le 28 mai dernier au niveau des quatre universités et le dépôt de recours a pris fin le 9 juin, (hier ndlr). A titre d'exemple, nous avons enregistré onze recours au niveau de l'université Emir Abdelkader», assure le président de la commission de wilaya tout en ajoutant que «chaque université dispose de sa propre commission qui est souveraine». Le dr Boukhelkhal malmené Non convaincu, le CNES n'a pas manqué de tirer à boulets rouges sur la commission de wilaya. Dans une lettre de recours au vitriol, datée du 30 mai 2015 et adressée au président de cette commission, les sections syndicales locales affiliées au CNES ont relevé des «dépassements graves dans le fond et dans la forme». En tête de liste, la violation de l'arrêté ministériel relatif à la composante de la commission de logements, au sein de laquelle ils soutiennent qu'il n'y avait pas la présence d'un représentant du partenaire social désigné par le bureau national du CNES. Les quatre sections syndicales signataires du recours reprochent également à la commission de wilaya de ne pas avoir élaboré les listes préliminaires des bénéficiaires au niveau des commissions des différents établissements universitaires avant leur présentation pour étude à la commission de wilaya, ce qui a «généré des erreurs» d'après eux. Relevant, par ailleurs, l'absence de dénominateur commun, s'agissant du critère d'ancienneté pris en compte au niveau des différentes universités, le CNES dénonce également «l'opacité qui entoure les résultats des enquêtes concernant les attributions antérieures au profit de certains bénéficiaires en dehors des programmes nationaux». Les contestataires clôturent enfin leur liste de griefs en relevant des vices de forme liés à l'affichage de la liste des bénéficiaires «sans que celle-ci soit accompagnée d'un P-V de réunion, tout en portant le cachet de l'université Emir Abdelkader des sciences islamiques au lieu du cachet de la commission de wilaya». Serein mais visiblement blessé, le Dr Boukhelkhal a demandé à maintes reprises d'être déchargé de sa mission, mais sur insistance de ses pairs, il a accepté d'aller au bout de sa tâche. A ses détracteurs et accusateurs, il s'inscrit en faux et les défie d'apporter les preuves de ce qu'ils avancent. Dans une réponse adressée au coordinateur national du CNES, le Dr Boukhelkhal réfute en bloc les accusations des sections syndicales auxquelles il affirme que «la commission de logement a été mise en place conformément à la circulaire ministérielle n°292 de février 2014, quant aux représentants du partenaire social du CNES et du SNEU, ils ont été désignés par leurs bureaux nationaux respectifs». S'agissant du point relatif à la notation des bénéficiaires en fonction de leur ancienneté, le président de la commission de wilaya soutient que «cette notation est unifiée puisqu'elle a été fixée au 31 décembre 2013». Pour résumer le tout, le Dr Boukhelkhal a estimé que le recours du CNES est injustifié. «J'ai la conscience tranquille. Ma mission est de coordonner le travail des commissions des quatre universités. On a attenté à ma dignité, mais je laisse le soin aux services concernés de confondre les malveillants», s'est-il indigné. Il est à souligner, enfin, que le palier supérieur à Constantine a bénéficié d'un quota important de logements de fonction, situé à la ville universitaire de Ali Mendjeli. Des logements haut standing de type F4 et F5, mais qui sont loin d'être terminés. «D'ici trois ou quatre ans», avance t-on à ce sujet. Constantine.