Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) qualifie la lettre adressée par le chef d'état-major de l'ANP, Gaïd Salah, au secrétaire général du FLN, Amar Saadani, d'«agression contre le fonctionnement des institutions». Dans un communiqué très virulent rendu public hier, le parti de Mohcine Belabbas n'a pas lésiné sur les qualificatifs pour dénoncer cette missive du premier responsable de l'Armée nationale populaire (ANP) qui «aggrave le dissensus national». «La lettre de félicitations-allégeance, du chef de l'état-major de l'ANP à l'endroit d'un dirigeant de parti, engageant l'institution militaire dans des conflits partisans signe son immixtion publique, manifeste et assumée dans les luttes politiques. Elle appelle une décision forte de l'institution si on veut éviter à l'état-major d'assumer une dérive visant à aspirer l'armée dans des aventures aux conséquences imprévisibles», affirme le RCD dans son communiqué. Pour cette formation, l'Algérie «a besoin d'un changement radical et d'un renouvellement des élites, y compris au sein de l'armée», en faisant allusion à l'impératif départ de l'auteur de cette bourde politique, en l'occurrence Gaïd Salah. «Déjà au bord de l'abîme, l'Algérie vient de subir une nouvelle agression contre le fonctionnement de ses institutions élargissant ainsi le dissensus national. Cette agression est d'autant plus insupportable qu'elle met à mal la cohésion de l'armée et menace l'avenir du pays et qu'elle est l'œuvre de celui qui est censé veiller à l'unité de cette institution républicaine», explique-t-on dans le même communiqué. Rappelant l'absence de retenue du chef d'état-major qui s'est immiscé dans la politique «en émettant des injonctions aux partis», le RCD estime que Gaïd Salah «vient de franchir un seuil qui accentue la déliquescence de l'Etat». «Cette dérive impardonnable met l'Armée nationale populaire sous l'emprise, voire sous la tutelle d'un parti politique et la fait sortir du rôle qui lui est constitutionnellement dévolu. Elle est d'autant plus grave qu'elle survient dans une conjoncture où les tensions géopolitiques régionales et le danger que fait peser le terrorisme sur nos frontières menacent la stabilité et la sécurité de la nation. La remise en cause de la neutralité politique, même de façade, affichée jusque-là par l'armée accentue le sentiment d'insécurité déjà latent dans la société», précise le RCD. Affirmant qu'il prend acte de cette nouvelle situation, le parti «appelle à la responsabilité et à une plus grande vigilance». Engagé dans une démarche pour la transition démocratique, le RCD reste fidèle à sa position et appelle au départ toute la caste vieillissante du système. Ce changement radical dont a besoin le pays ne doit pas, selon la même source, se limiter à une «réédition de scénarios écrits par les officines et joués par des acteurs interchangeables, vieillissants, issus et au service du système responsable du malheur algérien».