La lettre d'accueil imposée aux enseignants universitaires pour participer aux colloques et séminaires à l'étranger sera annulée à partir de la prochaine rentrée universitaire. La décision, parmi d'autres, émanant lundi du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, suscite l'approbation des concernés. «C'est une contrainte bureaucratique en moins», tranche Mourad Ouchichi, professeur d'économie à l'université de Béjaïa en racontant les déboires d'une collègue qui s'est vu refuser la prise en charge de sa participation à un colloque aux Etats-Unis, car sa lettre d'accueil n'était pas estampillée d'un «cachet-humide». «Elle avait reçu la lettre scannée, donc la prise en charge lui a été refusée», s'offusque-t-il. Il faut savoir que pour bénéficier d'une formation de courte durée à l'étranger (stages et participations à des manifestations scientifiques), les universitaires doivent fournir un dossier comprenant un modèle de lettre d'accueil dûment complété par la structure hôte. En attendant de connaître les répercussions de cette annulation, il n'est pas à écarter que cette décision ait été prise suite à la mobilisation des enseignants à travers la signature d'une pétition largement relayée par les médias sur un cas de censure académique ayant ciblé un docteur en économie de l'université de Boumerdès. Samir Bellal s'est en fait vu refuser la prise en charge de son congé scientifique à Paris à cause d'une communication jugée «politiquement incorrecte» par son établissement universitaire. La pétition a-t-elle atteint son objectif ? Ces dernières années, le recours des universitaires à des lettres de dénonciation ou de contestation devient un acte presque machinal. C'est quasiment la forme de contestation la plus en vue. On peut citer, en quelques semaines seulement, la pétition nationale dénonçant le projet de statut de l'enseignant-chercheur initié par le CNES, section de Tizi Ouzou ; celle pour dénoncer la censure académique, ou encore la pétition pour classer la Fac centrale d'Alger comme monument historique. Face au marasme de l'action syndicale du Supérieur, le procédé consistant à rédiger un texte de réclamation ou de dénonciation, signé par de nombreux universitaires, semble avoir plus d'échos - du moins médiatiquement - que toute autre forme de revendication. L'excès de grèves, de sit-in et autres mouvements de contestation souvent handicapants pour le fonctionnement de l'université, initiés par des comités peu représentatifs et des collectifs «sauvages», d'étudiants et d'encadreurs, souvent pour des raisons indignes, a fini par décrédibiliser ce genre d'actions. Même les médias férus d'informations factuelles ont fini par s'en lasser. Alors, un acte purement intellectuel, paisible, mais ô combien rassembleur, attire davantage la curiosité et l'attention. Ce qui est aussi remarquable dans ce genre de réclamation, c'est l'existence d'une «communauté» d'habitués, dont le paraphe figure quasiment sur tous ces supports. Les signataires, du moins les plus réactifs, sont presque toujours les mêmes. Toutefois, à ces mobilisations et réactivités, manque un facteur déterminant pour faire aboutir les idées et les objections. Il s'agit de l'action syndicale dont la dynamique est indispensable à toute avancée sociale.