Le rideau étant à moitié ouvert, les policiers, d'après les témoignages que nous avons recueillis auprès d'habitants d'Akbou, auraient défoncé la porte arrière pour s'introduire dans le local. «Ils ont commencé aussitôt à vérifier les pièces d'identité des clients. Des non-jeûneurs ont refusé de se plier à cette injonction et c'est là que la situation a failli dégénérer», raconte Sofiane, témoin de la scène. Pourtant, ajoute-t-il, le café ouvrait normalement chaque mois de carême et le propriétaire n'a jamais était inquiété. En réaction à cette «intervention musclée» des deux policiers, le propriétaire de la cafétéria a rétorqué qu'il a «un registre du commerce», qu'il paye ses impôts et qu'il ne connaît «aucune loi qui oblige un tel établissement à fermer pendant la journée», rapportent nos sources. Après cette descente policière, un groupe de citoyens s'est rendu au commissariat pour demander des explications. Saïd Salhi, président du bureau de la LADDH de Béjaïa, a dénoncé une énième «intimidation» et appelle au respect de la liberté de conscience et des libertés individuelles. Pour lui, il n'y a aucune loi qui oblige les gens à jeûner. «D'ailleurs, il y a confusion dans l'interprétation de l'article 144 bis 2 du code pénal dont nous demandons l'amendement. Cette loi, dit-il, ouvre les portes à tous les abus comme nous le constatons chaque année.» Selon les informations dont nous disposons, aucune poursuite judiciaire n'a été introduite par les services de la police judiciaire à l'encontre des non-jeûneurs.