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«Le seul mufti c'est votre médecin»
Des malades chroniques tiennent à faire carême au péril de leur vie
Publié dans El Watan le 02 - 07 - 2015

L'attachement des Algériens au Ramadhan ne date pas d'hier. Les spécialistes l'expliquent par la nature même du courant religieux qui règne au Maghreb d'une manière générale et en Algérie en particulier depuis des siècles : peuple majoritairement musulman du culte malékite. Ces deux facteurs ont contribué dans une large mesure à renforcer le lien entre les Algériens et le Ramadhan.
Cette assiduité religieuse a atteint même les personnes malades pour lesquelles jeûner est strictement interdit. Ainsi, l'impact de ce fait dit «culturel» sur l'état de santé des malades chroniques et leur prise en charge a été démontrée à moult reprises par les médecins. Mais l'appel de ces spécialistes de santé semble ne pas trouver l'écho escompté, comme en témoignent les statistiques des enquêtes menées sur le terrain.
Le Ramadhan est un culte sacré qui se pratique d'une manière exceptionnelle en Algérie et dans les pays du Maghreb d'une manière générale», considère Ahmed Remita, spécialise en sociologie culturelle. Selon ce sociologue, les raisons de cet attachement sont dues aux spécificités de cette région : l'unicité de la religion (islam) et du courant adopté au Maghreb (le malékisme).
Contrairement aux pays de l'Orient (Syrie, Liban, Irak, etc.), qui connaissent la présence de différentes religions et différents courants religieux, les pays du Maghreb dont l'Algérie ont adopté un culte uni, l'islam et le malékisme comme courant. Ainsi, ce spécialiste en sociologie culturelle soutient que le fait de sortir de ces préceptes est considéré du point de vue social comme une transgression. Ainsi, les Algériens sont intransigeants quant au jeûne durant le mois de Ramadhan.
En ce qui concerne l'entêtement des Algériens à jeûner au détriment de leur santé, M. Remita l'explique par la mentalité qui prime dans la société et qui consiste à faire du Ramadhan un symbole de la résistance à la faim, fatigue et toutes les rudes épreuves. Ainsi, dans l'imaginaire social algérien, «(Ouakal Ramdan) n'est pas digne de confiance», rappelle le sociologue.
Ce dernier affirme que cet engouement est expliqué par l'intérêt que porte le jeûneur pour son image dans la société que par une quelconque influence des nouveaux courants islamistes. Cet universitaire n'a pas omis de rappeler que porter atteinte à sa santé est aussi contre les principes de l'Islam. Ainsi, une vieille femme atteinte de diabète rencontrée lors d'une journée portes ouvertes sur le diabète au CHU de Bab El Oued il y a quelques semaines a témoigné de cette «ténacité». «L'année dernière, j'ai jeûné 10 jours avant de chuter suite à une hypoglycémie.
Pour cette année, je vais encore tenter», a-t-elle déclaré à sa sortie de la conférence réunissant médecins spécialistes et un imam ayant pris en charge l'aspect religieux. Malgré l'appel convergent des deux parties pour qu'elle ne jeûne pas, la vieille femme ne semblait pas convaincue.
Elle est pourtant sous insuline et vit avec son diabète depuis 35 ans. Pis encore, cette dame avoue que son fils, imam, lui interdit de jeûner. «L'année dernière, après avoir eu un grave malaise suite au jeûne, mon fils ne voulait pas sortir de la maison tant que je n'avais pas rompu le jeûne», raconte naïvement notre interlocutrice qui ne cache pas non plus sa volonté d'accomplir l'acte religieux. Alors que les médecins s'appuient sur des imams pour convaincre les personnes malades de ne pas faire carême, ces derniers insistent sur le rôle des médecins traitants dans la prise de décision quant à la capacité physique de leurs patients de résister au jeûne qui dépasse 16 heures par jour. «Aucun imam ne peut statuer sur l'état de santé d'un malade ou sa capacité à jeûner», insiste Cheikh Farid, l'imam de la mosquée Abdellah Ben Messaoud de Bouzaréah.
En ce qui concerne les personnes récalcitrantes qui veulent toujours tenter de jeûner malgré les directives de leurs médecins, l'imam avertit : «Soit on décide de jeûner, soit non. Cette décision doit être prise avant de passer à l'acte de jeûner». Il rappelle que les pratiques religieuses s'appuient avant tout sur l'intention.
A ce sujet, l'imam ayant pour tâche de convaincre une assistance composée essentiellement de malades chroniques âgés, souligne à l'occasion que le courant d'El Zahiri El Andaloussi considère le mal de dent comme étant une maladie qui empêche de jeûner. De ce fait, ce courant autorise une personne souffrant de mal de dent à rompre le jeûne.
Qu'en est-il alors des autres maladies plus compliquées ? 30% des diabétiques de type 2 ne respectent pas les directives de leurs médecins, estime le Pr Azzoug, chef du service endocrinologie au CHU de Bab El Oued. «Beaucoup de patients jeûnent à l'encontre des recommandations de leur médecin.
Pour les diabétiques de type 2, environ 30% d'entre eux ne respectent pas les directives de leur médecin», a-t-il déclaré en marge de la journée portes ouvertes sur le diabète. Et d'ajouter : «Il y a même les diabétiques de type 1 qui sont sous insuline pour lesquels le jeûne est pratiquement une contre-indication formelle, mais il y a un fort pourcentage. Ce type de malades risquent des complications aiguës». Selon ce spécialiste, le jour même du jeûne les malades peuvent faire des hyperglycémies majeures avec des troubles de conscience ou le coma, ou bien le contraire une hypoglycémie avec un coma.
Malgré cela, «il y a des patients qui insistent pour jeûner», a-t-il regretté. En ce qui concerne les catégories d'âges qui s'entêtent à jeûner, le Pr Azzoug affirme que ces attitudes son présentes pratiquement chez les personnes de tous les âges. Notre interlocuteur précise néanmoins que pour le diabète de type 1, «il y a essentiellement les sujets jeunes après l'adolescence, soit entre 20 et 30 ans».
De l'avis de ce spécialiste, ces jeunes «vivent difficilement la différence par rapport à la société». Conséquence ? Ils insistent à jeûner même au péril de leur vie. Dans certains cas, ce sont les vieux qui s'entêtent. Pourtant, «cette catégorie de malades a plus de risque de complications et ce sont ces gens qui insistent le plus pour jeûner», souligne le Pr Azzoug.
Selon ce dernier citant une étude réalisée par Epidar (Epidemiology of diabetes and Ramadhan) en 2001, sur les répercussions du jeûne sur la santé des diabétiques, «des complications aiguës (hyperglycémie, hypoglycémie) ont été relevées durant le mois de Ramadhan par rapport au reste de l'année dans étude», faut-il préciser que le Ramadhan intervenait en période d'hiver pendant l'enquête d'Epidiar.
Ce taux de complication peut être multiplié par deux ou 3 durant les mois de juin et juillet, estime le Pr Azzoug, et ce, à cause des températures élevées et la durée du jeûne. Selon les résultats d'une autre étude réalisée également en septembre 2005 par le même organisme dans 13 pays, la pratique du Ramadhan concerne 43% du diabète de type 1 et 79% du diabète de type 2. «A cette époque, précise le médecin, il n'y avait pas une éducation assez renforcée, mais durant ces dernières années il y a une amélioration de l'éducation». Et le patient est de plus en plus orienté par rapport aux précautions qu'il doit prendre.
Et pour y faire face, les spécialistes de la santé ont recours aux imams pour sensibiliser leurs patients. Ce choix n'est pas fortuit. «L'intérêt de prêcher à côté du médecin est d'améliorer la communication», a expliqué le Dr Souad Mahgoun, maître-assistante au service de diabétologie du CHU de Bab El oued. Cette professionnelle de la santé souligne que les imams et les médecins sont sur la même longueur d'onde concernant cette question.
Faire venir un imam pour prêcher en milieu hospitalier vise, selon le Dr Mahgoun, «à affiner cette relation pour que le dialogue et la vulgarisation soient faits de la façon la plus correcte possible». Pour ce qui est du volet santé, le Dr Mahgoun atteste que l'équipe du service de diabétologie accompagne le malade pour qu'il puisse jeûner dans les meilleures conditions.
Néanmoins, «on ne peut jamais dire qu'on a une sécurité à 100%. Il y a au minimum un feu orange par rapport aux diabétiques», a-t-elle averti. Et d'enchaîner : «Nous essayons de temporiser, de leur expliquer la différence entre celui qui ne doit pas du tout jeûner et celui qui peut faire carême en lui donnant les moyens d'être le plus en sécurité».


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