La première dame du Parti des travailleurs, Mme Louisa Hanoune, a applaudi, hier, la décision du gouvernement portant sur le paiement par chèque, mais elle reste «réaliste». Elle doute que, dans le climat actuel, le gouvernement puisse appliquer cette mesure, pourtant très positive, et mettre fin à l'argent sale et au phénomène de la «chkara». «L'Exécutif ira-t-il jusqu'au bout ?» s'est interrogée Mme Hanoune, qui regrette qu'à peine la mesure annoncée, des voix hostiles, notamment celles des habitués à la «chkara», se sont élevées pour crier au scandale. Hier, à l'ouverture des travaux du bureau politique de ce parti, la secrétaire générale est revenue sur des questions d'actualité, notamment le silence du président Bouteflika, la politique d'austérité et les multiples atteintes à la liberté d'expression. Sur ce dernier point, la présidente du PT a affiché sa solidarité inconditionnelle avec la chaîne KBC et pense que la pression que subissent les animateurs de certaines émissions de KBC émane de l'oligarchie et il s'agit là du totalitarisme. «Vouloir interdire une émission satirique relève du totalitarisme. Aujourd'hui c'est une émission, demain une chronique, par la suite ce sera les organisations syndicales. Lorsqu'il y a une connexion entre l'argent sale et la question politique, nous assistons à ce résultat», note Louisa Hanoune, qui est persuadée que le président de l'Autorité de régulation a été instruit par cette oligarchie pour obliger cette chaîne à rentrer dans les rangs. Mme Hanoune a parlé longuement du président du FCE, ce nouveau riche qui a créé une entreprise dans le secteur des hydrocarbures, dénommée (algeoland) juste après la fermeture de trois entreprises publiques (Ongea) spécialisée dans le domaine de la prospection et de la recherche. La présidente du PT ne renonce pas et ne lâche pas, elle interpelle encore une fois le président de la République avant de s'interroger si Bouteflika est d'accord avec les dérapages, notamment les agissements de l'oligarchie, la rapine et le pillage qui sont «commis» en son nom. Elle avoue ne pas comprendre le silence du Président : «A partir du moment où Bouteflika reçoit des invités étrangers et s'occupe des questions géostratégiques, pourquoi délaisse-t-il la maison Algérie. Pourquoi recourir à la politique d'austérité?» Mme Hanoune craint une explosion sociale. «Le pays se dirige vers une confrontation violente. Au lieu de s'attaquer aux fraudeurs, aux corrompus, à ceux qui ont pillé les richesses de l'Algérie, le pouvoir se prépare à dégraisser dans la Fonction publique et à bloquer les recrutements. Il s'agit là d'une déclaration de guerre contre le peuple», avertit-elle, persuadée que le peuple ne se laissera pas faire. Dans ce sillage, elle ne manque pas de relever les contradictions qui existent entre les ministres d'un même gouvernement. Le ministre du Travail a expliqué qu'il n'y aura plus de recrutement. Il a parlé de dégraissage et de pléthore alors que la ministre de l'Education ouvre des concours pour le recrutement de centaines d'enseignants. Par ailleurs, Mme Hanoune dénonce les mesures contenues dans la loi de finances complémentaire (LFC) et le projet en phase de finalisation et qui porte sur la garantie des emprunts à l'extérieur, «on prépare la faillite de l'Etat». S'agissant du procès Khalifa, Louisa Hanoune le qualifie de parodie et un coup de grâce aux espoirs des citoyens de voir un jour la justice se concrétiser, dès lors que les responsables politiques sont absous. «Des ministres ont pris des milliards et n'ont pas été inquiétés. C'est un encouragement à la fraude. C'est une délinquance politique. L'Etat est devenu maffieux», déplore la présidente du PT.