Depuis la reprise, la direction de l'éducation de Bouira fait face à un flot incessant d'enseignants et de parents d'élèves ayant de sérieux problèmes à résoudre. Ces problèmes tournent généralement autour de décisions d'affectation jugées arbitraires, de salaires non encore versés (pour les contractuels, par exemple), de renouvellement de contrat, de passage ou d'exclusion d'élèves. Nous avons, ce mardi, rencontré quelques-uns d'entre eux dans les salles d'attente et les couloirs de la direction de l'éducation. Un groupe d'enseignants de langue amazighe attend dans le couloir en tête de la queue qui finissait en bas de l'escalier. Nous sommes au premier étage devant le bureau du directeur et le secrétariat. Le groupe d'enseignants qui souhaite passer le premier est porteur de doléances liées au traitement des quelque 40 contractuels n'ayant pas touché leurs salaires depuis 3 ans, d'intégration et d'affectation. Abdessamad est un enseignant qui a fait le déplacement de Sour El Ghozlane, où depuis son exeat de M'sila où il exerce. Depuis un an, il n'a pas touché son salaire. Il écume d'indignation et de colère. La cas de cette enseignante qui cumule 28 ans d'expérience dans le corps des professeurs du moyen (PEF) de langue arabe et qui a exercé pendant 22 ans au CEM Dermouche, à Lakhdaria, avant d'être mutée au CEM Zouabri, à Zbarbar, et remplacée par un ancien élève comptabilisant tout juste 5 ans d'ancienneté, est très significatif de ce qui peut se tramer dans les coulisses de cette institution dont l'image ne cesse de se ternir de jour en jour à cause des piètres performances réalisées sur le terrain. Atteinte d'arthrose, elle se voit contrainte de faire chaque jour la navette entre Lakhdaria, où elle habite avec ses six enfants, et le lieu de son travail, distant de 50 km. La rencontre avec un groupe de terroristes à Zbarbar, zone très insécurisée, est fort à craindre pour cette enseignante menacée dans le passé par les terroristes à cause de son mari, victime d'un attentat qui l'a laissé estropié. Aussi, il y a cette autre enseignante, mère de quatre enfants, qui a travaillé pendant 17 ans dans le primaire, avant de quitter son poste pour des raisons personnelles et qui, reprise à titre de contractuelle, elle attend depuis 2004 d'être réintégrée. Affectée à Rhimet, dans la commune de Aïn El Hadjar, elle s'expose chaque jour au risque d'un long déplacement en montagne. Les larmes aux yeux, Zahira, qui fréquente le lycée Taleb Saâd, à Aïn Bessem, attend, elle aussi, avec son père. Aussitôt sa voix s'altère dès qu'elle évoque son problème : ayant montré durant toute la première année des aptitudes en sciences (des 16/20 en cette matière), elle est orientée cette année en maths, une discipline pour laquelle elle déclare n'avoir ni de goût ni d'aptitude. Le proviseur de cet établissement, informé de cette situation par le parent de l'élève, a refusé d'intervenir pour réparer ce tort, sous prétexte que le conseil de classe en a décidé ainsi et qu'il est souverain dans ses décisions. Il est 11h environ, le planton apporte les imprimés pour les demandes d'audience et se met à les distribuer. La vraie attente commence.