Le pouvoir assume l'entière responsabilité de la situation qui prévaut dans la wilaya de Ghardaïa, qui connaît, depuis dimanche dernier, une recrudescence de la violence intercommunautaire. Les responsables des partis politiques que nous avons pu joindre, hier, s'accordent tous à le dire. Pour eux, cette incapacité à résoudre ce conflit a déjà fait plusieurs victimes et occasionné des pertes matérielles importantes. «Nous nous sommes déplacés plus de six fois à Ghardaïa. Nous avons tenté de rapprocher les deux communautés et d'apaiser les esprits. Mais on sent qu'il n'y a aucune volonté politique de résoudre cette crise. Dans ce sens, nous mettons le pouvoir devant ses responsabilités», explique Youcef Aouchiche, chargé de communication au FFS. Tout «en appelant au calme», le FFS plaide pour un dialogue pour permettre aux deux communautés de vivre ensemble et régler le problème dans les plus brefs délais. Pour sa part, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) se dit «interpellé au plus haut point par les événements du M'zab et leur lot de victimes». «Les affrontements qui prennent de l'ampleur chaque jour ne sont qu'un échantillon de la faillite de l'Etat et de son impuissance à assurer ses missions nécessaires, à commencer par la sécurité et l'application de la loi. Le pouvoir, de ce fait, est entièrement responsable car ses seules réponses ont été le pourrissement et la fuite en avant macabre depuis des années», explique Atmane Mazouz, chargé de communication au RCD. Selon lui, la tragédie de la vallée du M'zab est un vrai danger pour la nation et sa cohésion. «Elle soulève la question de la légitimité, du contrôle de l'exercice du pouvoir et l'urgence de la refonte de l'architecture institutionnelle dans le pays. Le RCD et les Algériens dans leur ensemble suivent avec inquiétude l'évolution dangereuse de la situation où les forces de répression, dont des gendarmes et policiers, au lieu de garantir la quiétude des populations et la préservation des vies et des biens se comportent en véritable armée d'occupation et se permettent même d'être partie prenante dans un conflit communautaire», souligne-t-il. Le quotidien tragique de la population de Ghardaïa, ajoute-t-il, «ne peut avoir de solution sous ce pouvoir piégé par une logique tribale et clanique et qui a longtemps marginalisé et exclu cette région de sa part au développement». Cette situation, précise pour sa part Soufiane Djilali, président du parti Jil Jadid, «est inquiétante». «Même en ce mois de carême, la violence ne s'est pas estompée dans cette région. Elle est symptomatique de maladie silencieuse qui couve dans le pays depuis longtemps (…). L'Etat s'est effondré et les dirigeants ne pensent qu'à rester en place», dit-il. Soufiane Djilali pointe du doigt l'absence d'une gestion de la société qui évolue, selon lui, en roue libre. «On n'a pas construit un Etat sérieux. La politique, c'est l'art de gérer les conflits, mais ce n'est pas le cas en Algérie», déplore-t-il.