Les malades ont sollicité la DSP pour mener une enquête, afin de faire la lumière sur les défaillances qu'ils ont soulevées. Au moment où le débat sur les défaillances dans la gestion des cliniques privées est engagé depuis quelques mois, la direction de la santé de la wilaya de Constantine examine depuis quelques jours une affaire épineuse, après avoir été saisie par des malades dialysés, dont le cas pourra faire couler beaucoup d'encre. Dans une requête adressée à la DSP, dont nous détenons une copie, ces malades accusent ouvertement la clinique privée de dialyse Les Violettes, située à la cité Les Eucalyptus, sur la route de Zouaghi, de négligence à leur égard, ce qui leur a causé une détérioration de leur état de santé. Sans détour, les rédacteurs de la requête affirment qu'ils ont été contaminés par l'hépatite C dans cette clinique. «Mon bilan de sérologie virale que j'ai effectué le 25/2/2013 était négatif ; quelle ne fut ma surprise lorsque je découvre le 24/12/2014 que ce bilan était positif ; mon cas a encore évolué comme le démontre le bilan effectué le 25 mars dernier ; cette situation m'a compliqué la vie, surtout que je suis devenu une menace pour ma famille et pour mon entourage, avec les risques de contagion possibles, en plus des frais occasionnés pour le traitement qui ont fini par me ruiner financièrement», déclare Chouaib Khalfallah qui nous a remis une copie de son dossier médical. Les malades regrettent que les responsables de la clinique n'aient pas pris leurs doléances à temps, et n'ont pas été à leur écoute au moment où ils ont été déclarés atteints de l'hépatite C dont ils traitent au service d'hépato gastro-entérologie du CHU Benbadis. «Nous ne sommes qu'un petit échantillon parmi les nombreux dialysés de la clinique qui ignorent encore la gravité de leur cas », soulignent les rédacteurs de la requête. Ces derniers qui ont sollicité la direction de la santé de la wilaya pour l'ouverture d'une enquête sur les conditions d'accueil et de prise en charge des dialysés, signalent dans leur requête l'insuffisance de certains médicaments indispensables et l'absence du médecin spécialiste dans les situations critiques, ainsi que les pannes répétées sur les générateurs. Rejet de responsabilité Lors de notre déplacement à la clinique Les Violettes de la cité des Eucalyptus, l'on saura que la gérante de l'établissement était absente. Toutefois, un responsable de cette structure a bien voulu nous recevoir pour répondre à nos questions. D'emblée, notre interlocuteur a écarté tout risque d'atteinte d'hépatite C durant les séances de dialyse effectuées dans la clinique. «Tous les générateurs destinés à éliminer du sang les déchets dégagés par l'organisme sont équipés de filtres ultra fins qui laissent passer uniquement l'urée ; et même en cas de claquage ou de dysfonctionnement, il y a un dispositif de protection qui bloque le passage du sang», explique-t-il. «Tout le matériel utilisé lors des séances de dialyse est stérilisé», poursuit-il. Interrogé sur les risques de contamination par hépatite C, le même responsable indiquera que le seul risque peut survenir lors des transfusions de sang. «Nous faisons rarement des transfusions de sang à la clinique et nous conseillons à nos malades de le faire ailleurs», notera-t-il. Nous saurons lors de notre passage à cette clinique que sur les 90 patients qui y dialysent, 20 sont atteints d'hépatite C déclarée lors de leur admission, selon les propos du médecin de la clinique et que des bilans de sérologie sont exigés des malades tous les six mois. Selon le responsable que nous avons rencontré dans cette clinique, les malades atteints d'hépatite C continueront d'effectuer leurs séances de dialyse comme d'habitude. Prudence à la DSP Contacté, le directeur de la santé de la wilaya, Azzouz Assassi, a confirmé que sa direction avait reçu les plaintes de deux malades dialysés parmi les clients de la clinique Les Violettes des Eucalyptus. «Les deux malades ont été reçus et entendus par nos services ; la DSP a dépêché sur les lieux une commission d'inspection qui a fait son travail et devra rendre compte de sa mission dans quelques jours», a-t-il affirmé. «Il est connu que ces cliniques sont conventionnées avec la Cnas et sont tenues de respecter les clauses du cahier des charges le liant avec cet organisme ; pour notre part s'il nous arrive de constater des défaillances qui pourront avoir des conséquences graves sur la santé des malades, nous allons prendre les mesures qui s'imposent», poursuit-il. Interrogé sur les hypothèses d'atteinte d'hépatite C, Azzouz Assassi s'est montré très réservé. «Nous devons être très prudents dans ce genre de situations, car il demeure très difficile de déterminer avec précision comment et quand a eu lieu la contamination surtout que les risques d'être atteint de l'hépatite C sont multiples sachant que les conditions d'hygiène ne sont partout respectées», a-t-il souligné. De leur côté, les malades complètement désorientés ne savent plus quoi faire, surtout qu'en plus de leur insuffisance rénale chronique, ils se retrouvent face à une autre pathologie encore plus redoutable et plus dure à soigner, connaissant surtout ses conséquences graves sur la santé. L'on saura également qu'une patiente de cette clinique, qui devait subir une greffe rénale, a vu son dossier rejeté suite à la découverte de son bilan. Selon son entourage, elle est complètement abattue, alors qu'elle attendait la délivrance depuis des années. Dans toute cette affaire de dialysés atteints d'hépatite C, des questions demeurent en suspens. Les séances de dialyse dans les établissements publics ou les cliniques privées sont-elles effectuées selon les normes. Les malades déclarés atteints d'hépatite C font-ils des dialyses séparément, pour éviter de contaminer les autres patients. Sachant que les malades de la clinique Les violettes affirment qu'ils ont toujours dialysé dans cet établissement et qu'ils n'ont jamais fait de transfusions de sang ailleurs, où pourraient-ils être atteints de cette hépatite, sauf qu'il y aurait une défaillance dans une quelconque autre structure de santé? Dans ce cas, la situation est encore plus grave, car d'autres malades seront ainsi exposés au danger. Ils ne le sauront que le jour où ils feront leur bilan sérologique et là ce sera trop tard.