Deux ans après leur divorce collectif avec leur parti, les démissionnaires du FFS ont finalement trouvé en le parti du Front de l'avenir leur nouvelle chapelle politique. Du Front des forces socialistes (FFS), qu'ils ont quitté avec fracas, au Forum socialiste pour la liberté et la démocratie (FSLD), qu'ils ont crée dans la foulée, les démissionnaires du FFS ont finalement choisi de rester au «front» en intégrant le Front de l'avenir de Bélaïd Abdelaziz. Le choix a été tranché le 5 juillet dernier lors d'une assemblée générale qui a entériné le passage collectif avec armes et bagages sous l'aile politique du parti du désormais «camarade Bélaïd Abdelaziz», l'homme le moins déçu des malheureux candidats à la présidentielle de 2014. Le choix du Front de Bélaid Abdelaziz est adopté comme une quatrième voie qui n'a pas été initialement sur les tablettes du Forum socialiste. Il y a plus d'une année, le FSLD a opté pour l'intégration d'un parti et a avancé les noms du PT, de l'UDS, non agrée, de Karim Tabbou, et du MPA de Amara Benyounès. Les négociations avec ces partis n'ont pas abouti pour des raisons diverses et que l'on ne rend pas publiques totalement mais il est certain que pour l'UDS, l'absence d'agrément n'est pas étranger à l'abandon de cette piste malgré le rapprochement vérifié publiquement entre les deux députés en exercice Tabbou et Tazaghart. La preuve en est que les militants du FSLD avaient pris option, «globalement», en février 2014 pour la création d'un parti. Mais «par sens de responsabilité, nous n'avons pas voulu faire un saut dans l'inconnu. Nous n'avons pas les moyens, nous ne sommes pas affiliés à un général, nous n'avons pas confiance en les responsables dans la hiérarchie de l'Etat et nous savons que nous n'avons pas de chance pour avoir un agrément» argumente le porte-parole du Forum, Khaled Tazaghart. «Et puis à quoi sert de multiplier les sigles ?» s'est-il interrogé lors d'une conférence de presse nocturne tenue la semaine dernière. Négociations Ce n'est pas pour autant que des contacts n'ont pas eu lieu avec l'UDS. Les négociations ont buté sur la question des militants de 1963. Le «Oui mais» de l'UDS n'a pas satisfait dans sa totalité la charte du FSLD voulue non négociable notamment sur le dossier des anciens de 63 que le parti de Tabbou considèrerait, selon le conférencier, comme un dossier du FFS. «L'intégration sélective» n'a donc pas intéressé Khaled Tazaghart et ses camarades. De son côté, le MPA, qui a adopté «verbalement» et dans l'absolue la charte proposée, semble avoir séduit la majorité des militants du FSLD qui ont soutenu la proposition de passer sous l'aile du parti de Amara Benyounès avant de changer de cap. «Il y a une bonne partie qui n'était pas d'accord avec l'option du MPA, déclare le député Tazaghart. J'ai pris alors mes responsabilités, reporté le vote et cherché à rapprocher les visions pour aller ensemble». Le Forum a fini par s'apercevoir que le MPA «n'a pas la volonté de construire un parti à la base». Des contacts ont eu lieu aussi avec le FLN et le RND, mais le conférencier ne s'y attarde pas. S'est imposée alors l'option consensuelle d'intégrer le Front de l'avenir tout en se refusant à lâcher le FSLD qui, étrangement, «ne sera pas dissout». «Le Forum continuera à exister en tant que cadre en faveur de la démocratie et sera élargi à l'échelle nationale. Nous le maintenons par sens de responsabilité» annonce Tazaghart, donnant à croire qu'il y a dans cette décision une volonté de se doter d'un cadre-refuge pour un avenir incertain. Ambitions Il y a cependant dans le choix d'intégrer le Front de l'avenir la nostalgie du «FFS historique». «Nous sommes le front de l'avenir, un slogan du FFS» lâche Khaled Tazaghart au nom du FSLD dont les sorties s'accompagnent fidèlement des portraits d'Ait Ahmed et du bleu du FFS, une couleur que l'on retrouve justement dans le parti de Bélaïd Abdelaziz. «Ce n'est pas pour autant que nos valeurs de gauche ont changé» devait-il préciser d'emblée lors de la conférence à laquelle ont assisté de nombreux militants du Forum et quelques représentants de partis politiques dont le RCD avec lequel le Forum fait toujours alliance au sein de l'APW de Béjaïa. «Avec le Front pour l'avenir ce sera un bon avenir pour l'APW» lance le conférencier, un tantinet versificateur, en assurant les alliés du Forum, qui sont désormais aussi ceux du nouveau Front. «Toute la charte du Forum est intégrée dans le programme du Front de l'avenir» dit-il. La charte met en exergue notamment la particularité de la région de la Kabylie, comme «fer de lance» de la revendication démocratique, dans laquelle active le Forum. «Personne ne peut nous interdire une action sur le terrain» précise le conférencier qui insiste sur cette autonomie d'action en Kabylie sous la tutelle du Front dans lequel grandissent désormais des ambitions des démissionnaires du FFS. Localement «nous allons avoir des listes électorales dans les 52 communes de Béjaïa si le parti décide de prendre part aux élections de 2017. Nous avons l'ambition de prendre la majorité au nom du Front de l'avenir» déclare-t-il. Mieux, que cela. «Nous avons espoir, renchérit-il, de prendre le pouvoir en 2019». Le nouveau camarade de Bélaid Abdelaziz revendique «le droit de rêver». Mais, organiquement, combien pèse le Forum Socialiste ? Khaled Tazaghart esquive la question d'El Watan. «Nous allons gagner la majorité des APC en 2017» répond-il.