Après les daïras, le désordre risque vite de gagner les compagnies aériennes et les agences de voyages qui vendent des billets d'avion sans prendre en compte les deadlines en vigueur dans certains pays. Seuls les Algériens détenteurs de passeport biométrique pourront voyager vers la France et l'espace Schengen à partir du 24 août 2015, les passeports non biométriques qui expirent le 24 novembre 2015 n'étant plus valables trois mois avant leur date d'expiration. Pourtant, les compagnies aériennes continuaient, hier encore, à vendre des billets d'avion à des personnes détentrices de passeports qui expirent en novembre 2015. Jusqu'à ce qu'une circulaire de la Police aux frontières (PAF) française invite plusieurs compagnies aériennes à cesser de vendre des billets aux personnes en possession d'un passeport ordinaire (non biométrique). «Nous avons reçu une circulaire pour éviter de vendre des billets d'avion dont les dates de retour dépassent le 24 août 2015 pour les ressortissants algériens détenteurs de passeports qui expirent en novembre 2015», explique un employé d'une compagnie aérienne française à Alger. Et d'ajouter : «La note nous est parvenue pour éviter des couacs à la PAF, qui craint de se heurter à un rush de voyageurs en situation irrégulière sans le savoir, elle concerne autant les personnes détentrices de visa et de titres de séjour». Cette note d'information de la PAF française fait clairement écho à la réglementation en vigueur dans l'espace Schengen et dans plusieurs autres Etats dans le monde, qui interdit l'entrée au territoire à toute personne ne possédant pas un passeport (ou autre document de voyage) délivré depuis moins de 10 ans et dont la durée de validité est d'au moins 3 mois supérieure à la date prévue du départ. «Si une note de la PAF a été adressée aux compagnies aériennes, ça ne pouvait être qu'un rappel d'une règle d'entrée dans l'espace Schengen (celle citée plus haut, ndlr) de l'union européenne qui existe depuis 2013 et qui ne s'applique pas qu'aux seuls Algériens mais à tous les Etats tiers», explique une source à l'ambassade de France à Alger. La deadline du biométrique Pour répondre à l'exigence de l'ICAO à ses 192 Etats membres d'émettre des passeports lisibles à la machine, l'Algérie a dû émettre, à partir de 2010, des passeports qui expirent tous à la même date, le 24 novembre 2015. L'Organisation a ainsi exigé que «tout passeport non lisible à la machine devait expirer en 2015». L'Algérie a donc eu cinq années pour relever ce défi technique et organisationnel. Le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales a dû mettre en place progressivement un système national d'identification pour la généralisation du passeport biométrique. Une opération au forceps. Depuis des mois, le rush dans les daïras est quasi-constant puisque des milliers de passeports sont délivrés chaque mois – la capacité du centre de confection serait de 22 000 à 25 000 passeports biométriques par jour. Le désordre risque à présent de gagner les compagnies aériennes et les agences de voyages, puisque plusieurs d'entre elles ont vendu des billets à des personnes qui ne pourront vraisemblablement pas voyager à compter du 24 août 2014.