Le wali de Béjaïa, Hamou Ahmed Touhami (HAT), 61 ans et des poussières, ne partira pas en retraite. La rumeur insistante qui le destinait à cette fin de mission, voulue par ses détracteurs comme une «sanction» déguisée, est restée sans fondement. HAT semble avoir encore de beaux jours devant lui. La présidence de la République a jugé qu'il était encore bon pour le service. Il ira exercer ses fonctions de wali à Aïn Témouchent, à l'extrême ouest du pays, une autre wilaya côtière, tout comme celle qu'il quittera mais non sans le souvenir de conflits. Il va sans dire que cette mutation a valeur de confirmation de confiance de la part du ministère de l'Intérieur envers un commis de l'Etat qui a essuyé un chapelet d'accusations publiques de corruption de la part de l'ancien chef de la Gendarmerie nationale, le colonel Ahmed Bencherif. Des accusations restées cependant sans suite, proférées à partir de Djelfa, une année seulement après l'entame du mandat bougiote de Touhami, en octobre 2010. HAT quitte Béjaïa après un peu moins de cinq ans d'exercice, presque la durée du mandat de Bachir Raho qui, lui, a été radié du corps des walis en 1999, moins que les sept ans de Fatmi et plus que la majorité des autres walis qui n'ont pas tardé à Béjaïa. Mais pour HAT, cinquante-sept mois d'exercice dans cette wilaya ont été suffisants pour se mettre à dos des ennemis, essentiellement politiques. A commencer par le maire de Tinebdar et les élus FFS. Le conflit a éclaté, parfois sous forme de diatribes enflammées, dont a été témoin la rue. Le FFS a même réclamé une commission d'enquête sur la gestion du wali. Une commission qui finalement ne viendra pas. Et dans une guerre de déclarations, Hamou Touhami a dû répondre, dans un entretien accordé à El Watan (édition du 7 mars 2015), que lui aussi a demandé cette enquête pour battre en brèche les accusations de mauvaise gestion. Le conflit à plusieurs sens a en tout cas accouché d'une demi-douzaine de plaintes que le tribunal de Béjaïa doit encore traiter. Tout un passif judiciaire qui survivra au départ de HAT, dont on retiendra aussi qu'il a fait, quelquefois, peu cas de l'obligation de réserve à laquelle est soumis un wali. HAT a survécu à tous ces remous et ce bouillonnement bougiote. Et pour toutes ces raisons, son départ pour Aïn Témouchent n'est pas comme tous les départs. Derrière lui, il reste comme un goût d'inachevé. Il passe le relai à son successeur Oueld Salah Zitouni, qui arrive de Mascara où il était wali depuis octobre 2010. «Bosseur» comme on le dit, on le surnomme le «bombardier». Oueld Salah Zitouni a cette réputation de metteur de pression que les Bougiotes attendent de voir dans une wilaya spécifique à plus d'un titre.