La Turquie intensifie son offensive contre le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (EI). Pour la troisième fois en 24 heures, les chasseurs bombardiers de l'armée de l'air turque ont attaqué hier, en effet, des positions de Daech dans le nord du territoire syrien. Ces raids aériens marquent un tournant dans la politique syrienne de l'AKP, longtemps accusé par ses alliés de fermer les yeux, voire de soutenir les organisations terroristes actuellement en guerre contre le régime de Damas. Simultanément à l'offensive ouverte contre les terroristes, Ankara a engagé le combat contre les rebelles du PKK. Dans la nuit de vendredi à hier, des avions turcs ont bombardé aussi sept objectifs rebelles dans les monts Kandil, dans l'extrême nord de l'Irak. M. Davutoglu a indiqué hier s'en être entretenu avec le président de la région autonome kurde d'Irak Massoud Barzani, qui lui a exprimé sa «solidarité». Cette offensive contre les militants kurdes menace de faire voler en éclats le fragile processus de paix engagé à l'automne 2012 pour tenter de mettre un terme à une rébellion qui a fait quelque 40 000 morts depuis 1984 sur le sol turc. Sur son site internet, la branche armée du PKK a estimé que ces bombardements signifiaient la «fin» du cessez-le-feu entre les rebelles et les forces de sécurité turques qui tenait tant bien que mal depuis 2013. «Nous allons continuer le processus de paix (...) nous utiliserons à la fois la force et la compassion», a répondu M. Davutoglu. Mais «ceux qui abusent de ce processus de paix ne seront jamais tolérés», s'est-il empressé d'ajouter. Les opérations militaires contre l'EI et le PKK ont été ordonnées dans la foulée d'une vague de violences qui a débuté lundi en Turquie par l'attentat suicide perpétré par un jeune Turc dans la ville de Suruç (sud), près de la frontière syrienne. Les autorités turques ont rapidement attribué cette attaque au groupe Etat islamique, qui ne l'avait toutefois toujours pas revendiquée hier. En représailles à cette attaque qui a fait 32 morts et une centaine de blessés parmi des militants de la cause kurde, des militants proches du PKK ont multiplié les opérations visant les forces de sécurité turques, symbole d'un gouvernement que de nombreux Kurdes accusent de complicité avec les djihadistes. Mercredi, le PKK a ainsi revendiqué l'assassinat de deux policiers à Ceylanpinar (sud-est). M. Davutoglu a affirmé hier que 121 attaques armées et 281 «actes terroristes», dont 15 enlèvements, avaient été recensés en Turquie depuis les législatives du 7 juin.