Le général Ali Bendaoud a été limogé de son poste de directeur de la sécurité intérieure (DSI), un service de contre-espionnage. C'est le troisième haut gradé de l'armée dont le poste est hautement important qui «tombe» en 48 heures. Il était arrivé à la tête de cette direction en septembre 2013, succédant au général Bachir Tartag, «remercié» huit mois après la prise d'otages du site gazier de Tiguentourine. Ancien attaché du Renseignement à Paris durant de longues années, parent par alliance du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le désormais ex-patron de la DSI quitte son poste au moment même où l'on susurre à Alger qu'il est pressenti à d'autres fonctions encore plus importantes dans la haute hiérarchie militaire. Il est remplacé par un intérimaire, un colonel du nom de Abdelaziz. Le chef de l'Etat a décidé de se séparer ainsi de trois chefs militaires : ceux de la Garde républicaine et de la Direction générale de la sécurité et de la protection présidentielle et du puissant patron de la sécurité intérieure. Trois pôles sécuritaires directement concernés par la sécurité du président de la République. D'autres têtes vont probablement encore tomber. Que s'est-il passer de si grave alors pour que le chef de l'Etat opère ces changements en cascade et de manière aussi fracassante ? La présidence de la République ne fournit aucune explication. C'est la règle, dit-on, dans ce genre d'opération. Mais cela laisse ouverte une porte à toutes sortes de spéculations. L'hypothèse répandue à l'origine de ces «purges» serait une grande faille dans le dispositif sécuritaire dont les trois services seraient responsables. Un mystère. Habituellement, ce type d'opération se règle «en interne et en catimini». C'est dans les mœurs même du régime. Visiblement, cette tradition est rompue et les informations sont soigneusement «fuitées» par des canaux officieux. De toute évidence, seule une affaire d'une extrême gravité pourrait «légitimer» la révocation de trois généraux importants, occupant des postes sensibles. En tout cas, c'est une première dans les annales politiques et militaires du pays, où le poids des chefs militaires est aussi prépondérant que décisif. Il va sans dire que les mises à l'écart de ces responsables militaires auront pour conséquence une «réorganisation» dans le dispositif de la sécurité nationale. D'autant que le contexte est marqué par une tension sécuritaire aux frontières du pays et une incertitude au plan politique. Après le chef d'état-major, c'est le chef d'Etat qui a rompu avec le discours «triomphaliste» pour appeler à la «vigilance». Pour les acteurs politiques de l'opposition, la situation exige des révisions déchirantes. Des réponses politiques fiables, en mesure d'éviter au pays les pires scénarios. Les tensions qui s'emparent de pans de la société, les failles sécuritaires, les contreperformances économiques et la crise de confiance ne sont que les conséquences d'une gouvernance obsolète d'un système de pouvoir anachronique.