L'Algérie est, à nouveau, accusée par le département d'Etat américain d'être indifférente au phénomène de la traite des humains dans notre pays. Dans son rapport intitulé «Trafficking in Persons Report 2015», le département d'Etat a classé notre pays dans le groupe 3, qui comprend également la Corée du Nord, le Zimbabwe, l'Iran, le Venezuela, la Syrie et le Yémen, la Russie, la Libye ou encore la Thaïlande. Ce groupe occupe les dernières places parmi les 188 pays inclus dans le classement mondial. Ainsi, l'Algérie a été maintenue au plus bas du classement, dressé chaque année par le département d'Etat et dévoilé à la veille de la célébration de la 2e Journée mondiale de lutte contre la traite des êtres humains, le 30 juillet. Le département d'Etat américain, qui distribue à tout-va des points, ne précise pas comment il a obtenu ce classement qui ne reflète forcément pas la réalité des pays cités. Il ne donne pas les critères utilisés pour ce classement. C'est simple, pour le département d'Etat, très peu d'efforts ont jusqu'à l'heure été accomplis par le gouvernement et la société civile algériens pour lutter contre la traite des personnes qui fait des ravages aux Etats-Unis. Définition donnée à la traite des personnes : commerce d'un être humain à des fins d'exploitation sexuelle, d'exploitation de son travail ou en vue du prélèvement d'un organe. A en croire les auteurs du rapport sur l'«esclavage moderne», cette forme d'«insulte à la dignité humaine et une attaque contre la liberté», persiste donc dans les pays figurant dans la liste noire de la diplomatie américaine, car ne s'étant conformés aux normes internationales en matière de respect des droits humains. Dans le même document est également notée «l'indifférence totale des autorités algériennes à l'égard des victimes de l'esclavagisme, de la traite des êtres humains victimes des réseaux du trafic sexuel, de la contrebande et de l'immigration clandestine». Et, malgré leurs «efforts significatifs», la Chine et la Malaisie qui étaient en queue du peloton des pays auxquels est reprochée la persistance de pratiques d'esclavage, ont gardé leur place dans le groupe 2, toujours «sous surveillance». Loués pour leur lutte contre la traite des êtres humains et le respect des normes internationales, la plupart des pays occidentaux, notamment ceux d'Europe, les Etats-Unis et l'Australie, mais aussi Israël, Taïwan, le Chili ou l'Arménie, se sont, en revanche, une nouvelle fois adjugé la première marche du podium. La Suisse qui, de 2010 à 2013, était en catégorie 2, a, comme l'an dernier, été propulsée au premier rang dans le classement mondial du département d'Etat américain. Ce dernier fait curieusement l'impasse sur la situation chez certains partenaires privilégiés, du Golfe, et ce, bien que les pratiques d'esclavage soient courantes et aient été maintes fois dénoncées par des ONG internationales de défense des droits de l'homme, des migrants et des travailleurs. D'après l'Organisation internationale du travail (OIT), la traite des êtres humains rapporte aux réseaux criminels internationaux organisés quelque 150 milliards de dollars de bénéfices par an, dont 99 milliards générés par l'industrie du sexe. L'on estime que près de 20 millions de personnes en sont victimes. Considérant les proportions de plus en plus inquiétantes qu'a pris ce fléau de par le monde ces dernières années, l'Office des Nations unies de la contre la drogue et le crime (ONUDC) a décidé d'instituer une journée mondiale dédiée à la lutte contre ce phénomène.