Le nouveau déclin des cours du baril poussera-t-il les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) vers un consensus autour de la nécessité de réagir pour rétablir les équilibres du marché ? Si les gros producteurs de l'Opep tiennent mordicus à la position de laisser-faire, du côté de l'Algérie on mise fortement sur les efforts de médiation pour rétablir la situation. Et c'est à ce titre que le ministre de l'Energie, Salah Khebri, a indiqué hier que «les discussions sont en cours» entre ministres de l'Opep pour parvenir à un consensus. En visite hier au siège de l'Opérateur système, filiale du groupe Sonelgaz, et interpellé quant à une possible tenue d'une réunion extraordinaire de l'Opep pour parer aux récentes évolutions du cours du baril qui repart à la baisse, le ministre se contentera de dire que les «discussions sont en cours et nous espérons arriver à un consensus». Il se montrera moins inquiet que les observateurs quant à l'aboutissement de telles discussions, et réagira au propos du secrétaire général de l'Opep, Abdallah Al Badri qui a récemment écarté toute révision à la baisse des quotas de l'Opep, affirmant que la décision appartient à la conférence ministérielle de l'organisation. «Le secrétaire général de l'Opep ne représente pas l'organisation de l'Opep. La conférence ministérielle est au-dessus du secrétaire général. Les discussions sont en cours», a-t-il répété encore une fois. Salah Khebri explique d'ailleurs que la situation actuelle du marché «était prévisible et nous l'avons bien dit au cours de la dernière réunion de l'Opep tenue en juin». Le premier responsable du département de l'Energie précise dans ce sens que le marché pâtit «d'une situation de surabondance de l'offre. Aussi, la détente dans le dossier du nucléaire iranien qui laisse présager l'arrivée de volumes supplémentaires de pétrole (iranien, Ndlr) dès le mois de décembre prochain risque encore d'aggraver la situation de surabondance de l'offre». Le ministre ajoute que «les craintes actuelles qui pèsent actuellement sur l'économie chinoise feront pression sur la demande qui risque de faiblir». En conclusion, les marchés sont fortement influencés par une situation où «l'offre est supérieure à la demande, et les stocks sont importants». «Chaque membre de l'Opep a ses intérêts» Le premier responsable a ainsi résumé la posture du marché. Ces derniers ont d'ailleurs fortement réagi à l'ouverture la semaine dernière à l'annonce du ministre iranien du Pétrole qui a indiqué que son pays augmenterait ses exportations de pétrole de 500 000 barils/jour une semaine après la levée des sanctions et d'un million de barils/jour un mois après. Le baril de brent de la mer du Nord a d'ailleurs baissé une première fois sous la barre des 50 dollars lundi, avant de tenter un petit rebond technique et de finir la semaine à un peu plus de 48 dollars, malgré la baisse des stocks US, le dollar revigoré étant venu jouer les trouble-fêtes. Le fait est que l'Iran n'est pas le seul acteur à peser sur le marché. L'Irak dont le rythme de production ne cesse de croître fait planer certains risques sur les équilibres du marché, sans oublier la production hors-Opep qui reprend de couleurs à la faveur de la reprise des forages de schistes US. L'Opep observe pour l'heure la même posture et refuse de jouer le rôle de régulateur du marché et de flancher dans cette guerre pour les parts de marché. Pis, la production globale des membres de l'Organisation a augmenté au cours des dernières semaines bien au-delà des plafonds de production fixés à 30 millions de barils/jour. La situation plaide-t-elle pour un consensus ? A la question, le ministre de l'Energie qui ne se départit pas de son optimisme estime qu'il «n'y a pas de baguette magique. Il y a des décisions à prendre au sein d'une organisation qui compte douze membres, et chacun d'entre eux a ses propres intérêts. Par conséquent, la décision met du temps à venir». Il est vrai que chaque pays de l'Opep fait face à la crise différemment. Et si certains sont en situation de choc frontal, d'autres à l'image de l'Algérie disposent d'une petite marge de manœuvre, tandis que des pays forts de leurs importantes réserves, tels les pays du Conseil de coopération du Golfe, peuvent encore attendre. Reste à savoir à quel moment les intérêts des uns et des autres pourront se rejoindre.