Tous les partenaires économiques et sociaux invités à prendre part à la prochaine réunion tripartite (gouvernement-centrale syndicale-patronat), en octobre à Biskra, s'accordent à dire que cette rencontre se tiendra dans un contexte économique interne et externe très particulier. Pour le Forum des chefs d'entreprise (FCE), la chute des cours de pétrole et le ralentissement du rythme de croissance des grandes économies avancées ont un impact direct sur notre économie extravertie, fortement dépendante des recettes pétrolières. C'est la raison pour laquelle «des propositions concrètes vont être soumises à la tripartite pour faire face à cette situation», nous a confié Brahim Benabdeslam, vice-président du FCE. Pour ce faire, l'organisation patronale a mis en place une équipe d'experts chargée de rédiger des propositions concrètes «sur la base du plaidoyer remis le mois dernier au Premier ministre, Abdelmalek Sellal», précise M. Benabdeslam. Ce dernier souligne que les propositions du FCE vont s'articuler autour de trois principaux axes sur lesquels le FCE espère réunir le consensus des partenaires et convaincre les pouvoirs publics de leur pertinence. Le premier axe concerne la libéralisation totale de l'acte d'investir en Algérie et le renforcement du rôle facilitateur et régulateur que l'Etat doit jouer. Le deuxième axe a trait à la relance de l'industrie et à la promotion de la production nationale, à travers des mesures devant régler, une fois pour toutes, le problème du foncier industriel, la création des parcs industriels, le financement des entreprises et la promotion de la production locale. A ce propos, M. Benabdeslam affirme que le FCE présentera, dès la rentrée prochaine, son projet de labellisation du produit algérien «origine Algérie garantie (OAG)» qui vise la promotion de la production nationale et la défense des intérêts de l'entreprise algérienne. Le troisième et dernier axe porte sur la gouvernance et le renforcement de la concertation, à travers des mesures instaurant des «consultations permanentes et organisées à même de répondre aux défis», conclut-il. De son côté, le président de la Confédération générale des entrepreneurs algériens (CGEA), Habib Yousfi, insiste sur la nécessité de dégager, lors de cette tripartite, un consensus autour d'une série de mesures devant notamment servir à encourager les PME/PMI. Pour lui, «le gouvernement doit désormais compter sur l'exploitation des potentialités internes du pays, notamment dans les secteurs de l'agriculture, l'agroalimentaire, ou encore le tourisme». Et d'ajouter : «Il ne faut plus attendre que les prix du pétrole remontent. Cette conjoncture est l'occasion ou jamais de sortir définitivement de notre dépendance à la rente pétrolière.» Pour sa part, Mohand Saïd Naït Abdelaziz, président de la Confédération algérienne du patronat algérien (CNPA) affirme qu'il s'agira d'abord de procéder à une «évaluation sans complaisance» de ce qui a été réalisé du Pacte économique et social pour la croissance signé l'année dernière. Il y a lieu également de «définir irrémédiablement les choix déterminants de l'économie nationale». Notre interlocuteur appelle, par ailleurs, au «bon sens» en matière de prise de décision. Car, selon lui, «il y a une inflation de propositions de part et d'autre, mais le plus important est de prendre en compte l'environnement interne et externe et de dégager une vision consensuelle de ce qui doit se faire». Il convient de noter que la tenue de la tripartite en octobre prochain sera précédée, comme l'a indiqué le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El Ghazi, par une réunion préparatoire entre son ministère et les partenaires sociaux pour arrêter son ordre du jour. A rappeler aussi que le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, a annoncé que la tripartite sera axée sur la problématique de la promotion de la production nationale, en plus des questions habituellement traitées dans ce cadre, à savoir le climat des affaires, le foncier industriel, le financement des entreprises, l'amélioration du climat social et des conditions du travail.