Le ministre de l'Energie, Salah Khebri, a confirmé, lors de sa visite de travail et d'inspection à l'Opérateur du système électrique (OS), la résiliation du contrat liant Sonatrach à Technip, l'entreprise chargée de la réhabilitation et de l'extension de la raffinerie d'Alger. En visite sur le chantier de la raffinerie de Sidi R'zine le 14 juillet, M. Khebri s'était abstenu de faire la moindre déclaration à la presse, se contentant d'organiser une réunion avec son staff sur le site où «aucun signe d'activité sur le chantier» n'est signalé, a constaté le journaliste de l'APS. Le ministre a annoncé le recours du groupe public à la justice arbitrale : «Sonatrach a précédé Technip et a déjà déposé le dossier en arbitrage.» Le groupe d'ingénierie français Technip avait confirmé, en marge de l'annonce de ses comptes début juillet, son retrait du projet «à la demande du client» et que, «conformément aux termes du contrat, les deux parties ont lancé les premières procédures d'arbitrage sur certains contentieux». L'instance arbitrale a déjà entamé son travail ; une audience a eu lieu la semaine dernière entre les deux parties en litige. «Lors de l'audience, Sonatrach a attaqué Technip au sujet du problème survenu sur les six tanks du site des travaux. Quatre tanks en cours de construction présentent des signes de tassement différentiel, deux tanks ont un problème de sous-dimensionnement. Sonatrach reproche à son partenaire français une étude bâclée et une mise en œuvre approximative. Sonatrach, pour appuyer son argumentaire, a fait appel à un sondeur retraité qui a travaillé sur la raffinerie en 1965 et se rappelle du procédé de pose original des tanks», précise une source au ministère de l'Energie, ayant requis l'anonymat. Selon une rumeur persistante, Sonatrach et Technip devraient se rencontrer à Hydra pour discuter. «Peut-être qu'il vaut mieux un bon arrangement qu'un mauvais procès», relève notre source. Un chantier déserté Le ministre de l'Energie a exclu le lancement d'un nouvel appel d'offres pour la reprise et l'achèvement des travaux, mais a évoqué une alternative : la reprise des travaux par des sous-traitants. «Les sous-traitants sont là. On va voir comment les reprendre et poursuivre le projet», a-t-il expliqué. Sauf que sur place, nous explique une source du groupe Sonatrach, aucun des sous-traitants ne veut reprendre les travaux. «Tous les sous-traitants que Sonatrach supplie de reprendre le projet répondent par la négative. Le chantier est complètement vide, Les Egyptiens de Rowad et les Italiens de Pareza sont partis. Il ne reste que trois ou quatre Chinois de JCC, qui nettoient. L'Italien Bentini a refusé de toucher au brown (partie fonctionnelle de la raffinerie, qui a été allumée en 1964 et ne s'est jamais arrêtée H24 et 7jours/7). Le sud-coréen Samsung a conditionné la reprise par le paiement intégral par Sonatrach des dettes contractées à Skikda», signale notre source, qui explique qu'«aucun sous-traitant ne peut manager le projet comme Technip qui supervisait les différents intervenants», les ingénieurs de Sontrach «malgré leur bonne volonté n'ayant été jusque-là que des observateurs». La crainte des sous-traitants est justifiée par la «grande vétusté des équipements et des canalisations. Il y a une dizaine de jours, une fuite de gaz a produit un incendie qui a été difficilement maîtrisé. On dénombre deux blessés par brûlure», signale notre interlocuteur. Technip se trouve en mauvaise posture suite à ses difficultés sur des chantiers en Algérie et au Brésil. Selon son bilan, repris par l'agence américaine Bloomberg, le groupe français subit des pertes qui ont atteint 306,9 millions d'euros contre un bénéfice de 158 millions d'euros l'année précédente. L'agence s'appuie sur le communiqué du groupe annonçant les résultats du deuxième trimestre 2015. Confronté à la réduction des investissements des compagnies pétrolières et gazières, le groupe Technip a annoncé début juillet la suppression de 6000 emplois dans le monde dans le cadre d'un plan de restructuration visant à réaliser 830 millions d'euros d'économies en 2016 et 2017.