Le Parti des travailleurs n'a pas lésiné sur les mots pour dénoncer de la manière la plus forte la campagne «odieuse» menée par des «idéologues» arabo-baâthistes et islamistes contre la réforme de l'école. Ulcérés par ces voix qui «versent dans la calomnie et l'insulte contre une ministre de la République», dont certains occupent des postes au sein de l'administration publique ou même à l'université, les cadres dirigeants du PT ont dénoncé ce qu'ils qualifient de «cabale misogyne et calomnieuse à l'encontre de Mme Benghebrit» à laquelle ils réitèrent «leur soutien total» pour la remise sur les rails de l'école algérienne. Vision dogmatique «S'il est normal que toute idée nouvelle suscite des débats de société, rencontre des résistances, dans ce cas, nous assistons à une dérive grave. En effet, au lieu d'un débat démocratique sur les recommandations audacieuses de la conférence nationale sur l'école, visant à la sortir de la médiocrité et du marasme, certaines voix versent dans la diffamation et l'insulte car incapables d'apporter des arguments pédagogiques et scientifiques à leur position, confirmant ainsi leur caractère idéologique dogmatique», a relevé le PT dans un communiqué sanctionnant la session hebdomadaire du secrétariat du bureau politique, tenue hier à Alger. Le PT admet que chacun est libre de ses opinions politiques, mais il souligne que la réforme de l'école est une affaire de spécialistes. «C'est d'abord aux pédagogues, aux linguistes, aux académiciens et autres acteurs du système d'enseignement qu'incombe la responsabilité d'apporter les améliorations nécessaires au système scolaire malade d'instrumentalisation politique et idéologique qui a massacré plusieurs générations», soutient le PT, qui milite pour une école moderne, portée sur le savoir et la civilisation. Le parti de Louisa Hanoune, qui multiplie depuis plus d'une année ses sorties critiques de l'action du gouvernement, estime que les recommandations de la conférence sur l'école sont «porteuses de progrès et traduisent une recherche sincère des solutions aux nombreux problèmes». Autrement dit, la démarche de Mme Benghebrit pour la réforme du système est, pour le PT, saine, loin de l'idéologie qui mine l'école jusqu'à présent. Etrange Silence de Sellal Cette formation politique considère que «notre école doit être d'abord algérienne, républicaine et donc pensée par des Algériens tenant compte de nos réalités, notre histoire et notre identité». «Une école ouverte sur l'universalité, vecteur de savoir et de progrès», poursuit le PT, selon lequel «notre modèle ne saurait être ni saoudien ni qatari». Ce parti dénonce également le fait que Mme Benghebrit n'est pas suffisamment soutenue par le gouvernement. Il s'interroge, dans ce sillage, sur «le silence assourdissant du gouvernement face au lynchage odieux» dont est elle victime. Le PT met en avant les compétences et le courage avérés de la ministre de l'Education nationale et fait remarquer que la conférence sur l'école a été ouverte par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Et parmi ceux qui versent dans «la surenchère et l'invective», selon ce parti, se trouvent aussi «des voix porteuses d'ambitions personnelles et/ou de calculs politiciens». «Privatisation de l'état» S'il soutient la réforme de l'école, le PT n'a pas été particulièrement critique vis-à-vis des choix et de l'orientation économique du gouvernement de Abdelmalek Sellal. Il dit ainsi constater «avec effroi» que «l'orientation qui se confirme chaque jour à travers les annonces et déclarations de ministres, annonce le désengagement total de l'Etat sous couvert de chute du prix du baril, préparant le terrain au bradage du patrimoine public alors que se poursuit le dé- tricotage des missions de l'Etat». Comme cas précis, le PT cite la sortie du ministre des Transports qui a annoncé l'intention de «l'Etat de cesser ses investissements dans la SNTF». Pour le PT, le changement de statut de la Société nationale des transports ferroviaires d'EPIC en SPA «est un prélude à la privatisation». «C'est exactement la même démarche qu'avait empruntée Chakib Khelil en 2000 lorsqu'il voulait ouvrir jusqu'à 70% le capital de Sonatrach, la suite est connue de tous», a rappelé cette formation, qui était foncièrement opposée à la politique menée dans les années 2000 par l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil. Le PT va jusqu'à rappeler l'article 17 de la Constitution qui protège les chemins de fer comme propriété collective de la nation, inaliénable, se demandant si le ministre des Transports, Boudjema Talai, est au courant de cette disposition juridique. Ce parti évoque aussi ce qui se passe dans le secteur de la santé sous couvert de lacunes et insuffisances. Il ne s'agit pas, précise le PT, de «cautionner les insuffisances et les lacunes des services publics de santé, de transport ou autres, dont les responsabilités incombent en premier lieu aux hauts responsables de l'Etat qui dirigent les secteurs concernés». «Mais le procédé, à savoir la dénonciation via des reportages diffusés par l'ENTV, soulève moult interrogations car qui veut noyer son chien dit qu'il a la rage», soutient cette formation, qui se demande s'il n'y a pas une volonté de «préparer l'opinion publique à la privatisation tous azimuts en présentant un tableau sombre des services publics»...