La visite en France du président irakien les 6 et 7 septembre a été annulée. Le report de cette visite du nouveau président irakien Ghazi Al Yaouar a été confirmé vendredi dernier par le Quai d'Orsay qui a déclaré que « la visite n'aura pas lieu aux dates initialement prévues ». Le Quai d'Orsay explique l'annulation de cette visite par « les circonstances présentes », soit l'enlèvement des journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot. Il ajoute que la décision a été prise d'un « commun accord entre Paris et Baghdad ». En fait, la décision est venue de Paris. Le Président irakien devait commencer à Paris une tournée européenne le conduisant en Allemagne, Italie, Pologne et Belgique. Ces autres étapes ont été maintenues, indique Baghdad. Paris a rejeté les propos du Premier ministre irakien Iyad Allaoui qualifiés d'« inadmissibles », lui reprochant de s'être bercé « d'illusions en espérant rester en dehors » du conflit irakien. Dans une interview au Monde et à d'autres journaux occidentaux, le 29 août, Iyad Allaoui affirmait que l'enlèvement des deux journalistes français montrait que ceux qui « ne combattent pas aux côtés du gouvernement irakien n'échappent pas au terrorisme ». Par ailleurs, le journal Baghdad de Iyad Allaoui a publié deux éditoriaux très critiques à l'égard du gouvernement français. Dans le premier éditorial publié jeudi 2 septembre intitulé « Chirac n'as-tu pas entendu nos plaintes ? », le journal affirme que « le rapt des journalistes français (...) est l'un des résultats des objectifs de Chirac à aider le gouvernement à rétablir la sécurité intérieure et des “non“ de Chirac chaque fois qu'était présenté au Conseil de sécurité une proposition d'aide internationale à l'Irak ». Le journal ajoute : « Jacques Chirac, qui veut se donner l'image d'un juste, assume une part de responsabilité dans l'enlèvement de ses deux concitoyens car il s'est opposé à toutes les résolutions internationales dont l'objectif était d'apporter la sécurité aux Irakiens. » Dans un second éditorial, le journal affirme que « le gouvernement français se pavanait d'être loin des souffrances du peuple irakien et d'avoir refusé de participer au renversement de l'ancien régime de Saddam Hussein, son principal allié pour ses intérêts en Irak » « Lors des attaques terroristes qui ont frappé le peuple et les infrastructures irakiens, personne n'a entendu des appels de la France à l'arrêt de ces crimes jusqu'à ce que les terroristes s'en prennent à ses citoyens », ajoute-t-il. En fait, le chef du gouvernement provisoire irakien, mis en place par les Américains, n'a pas accepté l'opposition de la France à l'intervention américaine en Irak, qui réclame le rétablissement de la souveraineté irakienne, ni apprécié que dans la gestion de la crise des otages français, Paris ne l'ait ni associé ni consulté. Sur le recouvrement de la souveraineté en Irak, la France a voté deux résolutions, la résolution 1546 du Conseil de sécurité de juin 2004 sur le transfert des pouvoirs aux autorités irakiennes ainsi que la résolution 1511 d'octobre 2003 sur la transition politique. Elle avait menacé d'opposer son veto à une résolution autorisant la guerre en Irak au printemps 2003. Le président Chirac déclarait tout récemment encore, lors de la clôture de la XIIe conférence annuelle des ambassadeurs, que « la France, qui a soutenu la restauration d'un Irak souverain (...), veut l'accompagner dans son rétablissement ». Il avait rappelé l'importance des élections prévues début 2005, une échéance dont Paris souhaite le maintien. Il est à rappeler que Paris et Baghdad ont rétabli le 12 juillet 2004 leurs relations diplomatiques, rompues le 8 février 1991, au moment de la première guerre du Golfe, par le régime de Saddam Hussein, lorsque la France avait rejoint la coalition conduite par les Etats-Unis.