Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a exprimé publiquement, depuis la wilaya de Constantine, son soutien indéfectible à la ministre de l'Education nationale et à sa réforme de l'école. Il a fallu qu'une rumeur de démission soit relayée par divers médias, démentie aussitôt par la concernée, pour que le gouvernement daigne réagir. Il est enfin venu ce soutien tant espéré à la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit. Il a fallu qu'une rumeur de démission soit relayée par divers médias, démentie aussitôt par la concernée, pour que le gouvernement daigne réagir. Le jour même, soit jeudi dernier, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a exprimé publiquement son soutien indéfectible à la ministre de l'Education nationale et à sa réforme de l'école. «La réforme de l'école se fera loin des idéologies et des arrière-pensées politiciennes», a martelé Abdelmalek Sellal. Depuis Constantine, où il a présidé les célébrations officielles du double anniversaire du 20 Août, Abdelmalek Sellal a apporté une mise au point aux détracteurs, fort nombreux, de la réforme de l'école. En décochant une flèche à qui de droit, il a rappelé, dans sa courte déclaration de moins de dix minutes, que telle est la volonté du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, inscrite dans son programme légitimé par le suffrage populaire. «Ministres et parlementaires doivent s'y soumettre». Le Premier ministre a usé d'un ton solennel. La brève intervention aux allures d'un rappel à l'ordre est tout sauf improvisée. La situation est telle qu'il a fallu trancher dans le vif en une tentative de dépassionner le débat qui a largement débordé et dévié de sa trajectoire initiale. La ministre Nouria Benghebrit est, depuis des mois, pour ne pas dire depuis son accession au département de l'Education nationale, la cible d'une campagne calomnieuse virulente, sans que le gouvernement ni sa chefferie ne s'en offusquent. Hormis le soutien apporté par la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, peu sont les acteurs politiques qui ont eu la même attitude. Pis encore, certains d'obédience FLN et RND, soit de l'alliance présidentielle, ne se sont pas gênés pour pourfendre la réforme de l'école, étayant ainsi les rangs de ceux qui ont fait du secteur de l'éducation un laboratoire idéologique. Les projets de révision des programmes et une modernisation de l'enseignement préscolaire et primaire ont été des prétextes à une levée de boucliers de la part des islamo-conservateurs, saisissant l'opportunité pour vouer aux gémonies la ministre de l'Education nationale. L'utilisation du dialecte dans le premier palier est assimilée à «une atteinte frontale à la langue arabe». Les prétendus «gardiens» de la langue useront de toutes les voies de communication pour orchestrer une campagne d'intox. «Tout sauf Benghebrit», peut-on lire entre les lignes. Pour balayer ces allégations, Abdelmalek Sellal a rappelé, à partir de sa tribune constantinoise, que la langue arabe, objet de polémique actuellement, est et restera «une constante nationale consacrée dans la Constitution». Idem pour tamazight qui mérite davantage d'intérêt et d'implication. S'agissant des recommandations issues de la conférence nationale de l'éducation, une autre pierre d'achoppement brandie par certains bords hermétiques à la modernité et l'universalité, seules celles qui boosteront l'école algérienne seront considérées... «A ne pas faire l'amalgame entre les propositions avancées par une commission de pédagogues et d'enseignants et les décisions de l'Etat algérien. » Réquisitoire ou plaidoyer ? Le message de Abdelmalek Sellal se voulait rassurant tout en sonnant comme un avertissement. Nouria Benghebrit, qui était à sa droite lors de sa déclaration à la presse, a fini par arborer un sourire. Désormais, après celui du président de la République, elle jouit du soutien du Premier ministre. Et de compter sur la solidarité du «gouvernement qui ne connaît ni dissension, ni désaccord, ni problèmes», dixit le Premier ministre. NE PLUS S'APPUYER SUR LE PETROLE En ce jeudi, jour où le baril de pétrole a devissé en dessous des 47 dollars, Abdelmalek Sellal a fait allusion aux perspectives économiques du pays. L'aveu tacite d'une conjoncture des plus défavorables à toute relance économique ne signifie-t-elle pas que les clignotants sont au rouge ? «… Nous avons les soubassements et des compétences pour faire face aux défis.» A aucun moment le Premier ministre n'a prononcé le mot «crise» ou «austérité». Mais sur le site du projet Insuline de Saidal, il a mis en garde contre le fait de « trop s'appuyer sur le pétrole», en préconisant d'autres stratégies fructueuses dont celles de l'exportation. Et de laisser supposer que les réformes économiques engagées se maintiendront. «Le peuple algérien refuse un retour en arrière, un retour à la paupérisation.» Pour contrecarrer les retombées de la récession économique qui guette le pays suite à l'effondrement du marché du pétrole, Sellal a annoncé la tenue, le 29 du mois en cours, d'une réunion avec l'ensemble des walis pour faire le point sur l'investissement national et dégager, à l'issue, de nouvelles dynamiques. La tripartite, quant à elle, se tiendra comme prévue à Biskra, le 15 octobre prochain. Abdelmalek Sellal est venu en force. Sept ministres l'ont accompagné à Constantine, ceux des Moudjahidine, de la Santé, de l'Education nationale, de l'Industrie, de l'Intérieur, de l'Enseignement supérieur et de la Culture, Azzedine Mihoubi. C'est d'ailleurs à ce dernier que revient la lecture du message du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, adressé au peuple algérien à l'occasion du double anniversaire du 20 Août, commémorant l'offensive du Nord-Constantinois et le Congrès de la Soummam. Ce qui ressort en premier de ce message est que le Président tend à ressusciter le projet de l'Union du Maghreb arabe (UMA), au point mort depuis des années. «Le 20 Août, c'est aussi le symbole de la solidarité de notre valeureux peuple avec ses frères dans le royaume du Maroc. Aussi, je saisis cette opportunité pour dire, au nom du peuple algérien, l'attachement de l'Algérie au projet d'édification du Maghreb arabe par fidélité aux nobles valeurs de justice, de liberté, d'unité et de progrès communes qui nous ont unis durant notre lutte contre le colonialisme.»