En cette période de vacances, les habitants de Bordj Bou Arréridj sont condamnés à parcourir plusieurs dizaines de kilomètres pour s'offrir une petite baignade. Déjà peu florissante, la situation a empiré ces derniers mois avec la fermeture de structures comme les piscines du 20 Août ou encore Tergui, succédant à d'autres comme celles du stade Messaoud Bouzidi et d'El Hammadia, souvent pour des questions de sécurité ou de fonctionnement trop onéreux. En conséquence, des milliers d'habitants sont privés de piscine dans la wilaya. La capitale de l'électronique reste l'une des régions les plus mal dotées en équipements sportifs, notamment les piscines. Sur les 34 communes, on en dénombre 3 ou 4, soit une piscine pour 225 286 habitants ! A Bordj Bou Arréridj, la piscine est devenue un luxe où seuls les privilégiés ont le droit de passer quelques heures. «99% des Bordjiens ne savent pas nager et ont même peur de l'eau», dit un maître-nageur. Akli, un jeune amoureux de la ville, militant engagé, ne décolère pas face à la léthargie des pouvoirs publics qui ne font rien face au manque de piscines. Du coup, il livre le coup de colère brute des Bordjiens, histoire d'illustrer le manque de piscines et d'équipements de loisirs d'une région où il serait important d'apprendre aux enfants la natation. «C'est vraiment désolant de voir que dans beaucoup de villes de Bordj Bou Arréridj, comme chaque été, les piscines municipales sont fermées ou inexistantes, que pour se rafraîchir par cette canicule, les jeunes sont obligés de s'improviser des piscines en plastique (risque sanitaire) ou de jouer dans les rivières, ce qui est très dangereux.» Et de s'interroger : «Pourquoi la piscine municipale du stade Bouzidi est fermée ? Pourquoi la nouvelle piscine réalisée en 2013 n'a jamais ouvert ?» Les habitants sont obligés de se rendre à Medjana, à 10 km, pour une baignade s'ils trouvent une place. Cette piscine, construite pendant l'occupation française, est toujours pleine et ne répond pas aux normes en vigueur. Elle est juste un bassin en béton ! Un autre été sans baignade pour des milliers d'enfants bordjiens qui sont obligés de «naviguer» toute la journée dans la poussière et la misère en attendant la rentrée scolaire. «Même les colonies de vacances, comme avant, n'existent plus», a déclaré Mouncef, un jeune collégien du quartier populaire Lagraphe. En attendant, il fait toujours chaud à Bordj Bou Arréridj et des jeunes se noient dans les retenues d'eau.