Depuis pratiquement deux décades, les aires de lotissement réservées à la construction à usage d'habitation individuelle tournent le dos à l'aspect aussi bien esthétique que convivial. Hormis les cités érigées à l'époque coloniale qui donnent envie d'y habiter, rares sont les cités post-indépendance qui participent à l'harmonie du tissu urbain. Les normes de construction des zones devant accueillir la maison dite individuelle ne sont plus de mise et la notion de villa a fini par disparaître du registre de notre politique d'urbanisation. La démesure à Alger et dans sa périphérie semble plus que jamais répondre à l'esprit mercantile, un phénomène qui piétine les règles basiques de l'indolente et non moins complice Duch. Une virée dans le dédale de certaines des cités fraîchement édifiées nous renseigne sur le décor sans âme, voire hideux d'une maison dont le propriétaire s'enorgueillit de qualifier l'ouvrage de villa ? Dès lors, comment qualifie-t-on les masses de béton compacts qui longent en enfilade les tronçons El Hamiz, les Eucalyptus, El Djorf, Jolie-vue, route Chéraga-Dély Ibrahim, etc. ? Comment expliquer une zone urbanisable affectée initialement pour un R+1 se transforme en un immeuble R+3, voire plus ? C'est une maison individuelle certes, mais aucun indice n'autorise à classer l'ouvrage dans la catégorie des villas, qui, le moins qu'on puisse dire, doivent disposer d'un espace cour et d'un autre jardin. L'esprit « beggar », celui qui compte l'argent au poids, se déchaîne pour piloter son ouvrage comme bon lui semble. Le sens du beau est supplanté par le réflexe du gain rapide. Le fonctionnel signifie pour cette gent « gargantuesque », ce qui peut rapporter gros, notamment dans l'espace du rez-de-chaussée, modifié pour abriter un semi-remorque ou accueillir une activité commerciale qui ne manque pas, faut-il souligner, de rogner sur l'espace public en sus des multiples nuisances causée au voisinage. Ainsi en est-il du goinfre sans goût qui reste insensible à la perception du savoir-faire, du savoir-vivre, voire au respect de son environnement immédiat. Sous l'œil impuissant des urbanistes, architectes et autres beaux-aristes.