Anarchie n «La notion de villa n'existe pratiquement plus en Algérie, dans la mesure où les gens construisent des bâtiments.» C'est ce qu'a constaté un architecte dirigeant un bureau d'études sur cette nouvelle tendance de constructions consistant à ériger des bâtisses de plus de deux étages avec des garages à usage commercial au rez-de-chaussée, qui s'est instaurée en Algérie. La notion de quartier résidentiel est, dès lors, en voie de disparition, compte tenu de l'émergence de nouveaux lotissements composés de maisons individuelles s'apparentant beaucoup plus à des immeubles qui poussent à travers les villes du pays, notamment dans la banlieue d'Alger. L'architecte a estimé que «par définition, une villa est une maison individuelle avec rez-de-chaussée et un étage. Ce qu'on qualifie, dans le jargon habituel, de R+1 avec côté cour et côté jardin». Or, observe cet architecte, «aujourd'hui les gens, animés par un esprit mercantile, préfèrent construire en hauteur, négligeant l'aspect esthétique et surtout convivial». Pour lui, «il est inadmissible de s'enorgueillir d'avoir une maison individuelle sans confort ni convivialité». Certains propriétaires de maisons individuelles, a-t-il constaté, «se sont privés de goûter aux plaisirs de posséder une propriété privée, sachant que les garages du rez-de-chaussée sont loués à des tierces personnes exerçant différents métiers». Plusieurs garages sont effectivement loués à des tiers qui se livrent à de multiples activités commerciales allant de la mécanique au fast-food, avec tous les désagréments que cela cause, non seulement aux propriétaires, mais aussi au voisinage. Un habitant d'un lotissement à Bab Ezzouar, qui se plaint du garage de mécanique situé au-dessous de son lieu d'habitation, regrette que «les riverains ne peuvent pas s'en plaindre, sachant que chaque propriétaire a loué ses garages sans se soucier de la nature de l'activité commerciale qui y est exercée». Par ailleurs, la prolifération de ces commerces dans des quartiers supposés, au départ, résidentiels est due, à la suppression de l'enquête commodo incommodo, selon le directeur du commerce par intérim à la wilaya d'Alger. Il a expliqué qu'à l'exception de certains établissements classés, tels que les cybercafés, «il suffit de présenter un registre du commerce pour pouvoir exercer une activité commerciale». Il fait également observer que «malgré les plaintes de certains riverains sur les désagréments causés par ces activités commerciales, les protestations n'ont donné aucun résultat dans la mesure où le gérant du local commercial dispose d'un registre du commerce». S'agissant de l'aspect structurel, le directeur général du Centre national d'études et de recherches intégrées du bâtiment (Cnerid), a, pour sa part, mis en garde sur «les dangers que constituent ces commerces exercés au rez-de-chaussée des maisons, dont les étages supérieurs sont habités». «Généralement, on supprime les cloisons du rez-de-chaussée afin d'avoir des locaux plus spacieux, ce qui crée le phénomène de pendule inversé, c'est-à-dire un problème de répartition de la masse dans le bâtiment», a-t-il indiqué.