Rencontrée après sa prestation charismatique du rôle de Hadda Baggar dans la pièce Hadda ya Hadda du théâtre d'Annaba présentée au TR C au mois d'août passé, la comédienne Lydia Larini se confie à El Watan, entre autres sur son choix d'interprétation. Lydia Larini est une artiste qui possède plusieurs talents. Elle passe aisément du chant au théâtre et parfois à la danse. On l'a vue sur les planches de différents théâtres algériens, mais également sur le petit écran dans le feuilleton Douar Echaouia, et aussi dans quelques rôles de cinéma. Il y a quelques jours, elle était à Constantine pour la pièce Hadda ya Hadda. Pouvez-vous nous parler de votre parcours théâtral ? Mes débuts se sont faits dans ma ville natale, Batna, avec le théâtre pour enfants. J'y ai joué pendant six ans avec, en moyenne, une pièce théâtrale par année. Je me suis produite également au TR Constantine, notamment dans la pièce khayel dil de Farid Droua. De Batna, j'ai rejoint le théâtre de Skikda pendant 2 ans où j'ai eu l'occasion de travailler avec Sonia Sekiou dans Ammama Assouar El Madina, une pièce mise en scène par Sonia, pour ensuite me faire adopter par la troupe du théâtre de Annaba où j'ai joué pendant 4 années, et je suis encore avec cette famille artistique. A travers votre interprétation, vous véhiculez une émotion particulière ; que représente le personnage de Hadda pour vous ? Au départ, je n'allais pas jouer dans cette pièce faute de temps, car j'étais sur un projet cinématographique, mais quand j'ai su que la pièce est sur la vie de Baggar Hadda, je me suis organisée coûte que coûte pour le faire, surtout que le personnage est une chanteuse algérienne de Souk Ahras, personnalité bien connue des Algériens, même les jeunes d'aujourd'hui la connaissent! Cette femme avait un verbe fascinant ! Le malheur, c'est que cette artiste est décédée dans la souffrance et l'abandon total, ignorée par tout le monde, elle a fini sa vie dans des conditions inadmissibles ! Surtout après la mort de Brahim Bendebache, son mari. En outre, j'ai aimé le texte de Djalel Khechab, un texte qui m'a poussée à aller dans les profondeurs de la personnalité de Hadda, j'ai même fait des recherches personnelles tellement le personnage me parlait, j'étais prête à apprendre toutes ses chansons mais les paroles de certaines d'entre elles n'étaient pas compréhensibles comme celle de Djbel Boukhadra. En découvrant les paroles de ces chansons, j'étais émue ! Hadda n'est-elle pas donc un exemple de ces artistes algériens disparus dans l'anonymat total ? Hadda était une militante, une femme rebelle, une artiste qui a bravé les tabous de la société des années 1930. A l'époque, il était inconcevable que les femmes chantent, en particulier dans des lieux mixtes ! Un exemple de la force féminine algérienne. C'est vrai que la marginalisation des artistes est toujours d'actualité, et ça c'est une vérité ! Je ne vais pas vous mentir, le cas de Hadda pousse tout artiste à s'interroger sur son futur, mais il faut également que l'artiste soit intelligent dans ses choix de carrière !