La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, se rendra à Alger le 17 septembre, pour une visite d'une journée. Au menu de ce déplacement figure la signature des accords de financement portant sur la justice, les médias et le secteur de l'emploi. Mais aussi et surtout la lancinante question de l'Accord d'association que la partie algérienne a jugé «déséquilibré et finalement pas très bénéfique pour l'économie algérienne». Ainsi, la haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité se penchera, avec le chef de la diplomatie Ramtane Lamamra et le Premier ministre Abdelmalek Sellal, sur une «évaluation critique de l'Accord d'association en vigueur depuis septembre 2005», assure-t-on à Alger et à Bruxelles. Une sorte d'examen critique à mi-parcours, comme prévu dans les clauses de l'Accord. Va-t-il y avoir alors une renégociation de certaines dispositions ou se contentera-t-on de trouver plus d'adaptabilité dans leur application ? Rien n'est encore décidé. Lors de la 9e réunion du Conseil d'association UE-Algérie tenue à Bruxelles en juin dernier, M. Lamamra avait évoqué un déséquilibre : «Dans ce partenariat, l'Algérie a donné plus qu'elle a reçu.» Pour lui, il était temps de «passer d'un accord strictement commercial à celui du développement». Il a plaidé pour «un rééquilibrage de sorte qu'il puisse profiter à la partie algérienne, notamment en matière de barrières tarifaires et non tarifaires imposées aux produits algériens, la réduction des parts de Sonatrach dans le marché gazier européen». Bruxelles ne serait pas «fermée» à toute discussion dans ce sens. «Il est convenu d'un commun accord de faire un examen critique de l'Accord d'association. Mais sur les investissements qui ne viennent pas, ce n'est pas non plus de manière automatique, il faut tenir compte du climat des affaires en Algérie et surtout la possibilité d'exportation», nuance-t-on du côté de Bruxelles. Même s'il est admis de part et d'autre que des manquements existent et qu'il y a également une interprétation différente des termes de l'Accord d'association. «Conventions de financement» Par ailleurs, la venue de Mme Mogherini sera une occasion de signer des conventions de financement dans les domaines de la justice, des médias, de l'emploi et la formation. Un apport financier considérable de l'Union européenne pour la modernisation d'un certain nombre de secteurs touchant à la vie publique. Et si le département de Ramtane Lamamra a donné son accord pour signer ces trois conventions, un couac se pose à quelques jours de l'arrivée de la haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères. Des résistances «inexpliquées» s'expriment au ministère de la Communication concernant la convention de financement des médias (publics et privés). Les services du ministère de Hamid Grine risquent même de mettre dans l'embarras ceux des Affaires étrangères. Ladite convention, d'une valeur de 8,5 millions d'euros, porte sur «la formation et la modernisation des médias pour les mettre au niveau les standards internationaux» et surtout «comment aider à assurer un service public de qualité et l'ouverture sur la société». Hamid Grine est ainsi appelé à «résoudre» ce blocage avant le 17 septembre. Pour rappel, l'UE a déjà financé plusieurs projets dans différents secteurs en Algérie. A la faveur de la visite de Mme Mogherini, il s'agira également de mettre sur la table des discussions les dossiers régionaux, d'autant plus que le voyage de la chef de la diplomatique européenne — ancienne ministre italienne des Affaires étrangères dans le gouvernement de Matteo Renzi — intervient dans un contexte régional bien particulier. Sécuritaire d'abord avec l'inextricable crise libyenne qui, de plus en plus, inquiète l'Afrique du Nord tout comme l'Europe du Sud. Le chaos libyen, devenu menaçant pour l'ensemble de la région, n'arrive toujours pas à «convaincre» les partenaires internationaux à se mettre d'accord autour d'une solution fiable et définitive. La médiation onusienne peine à réunir les belligérants libyens. La tâche de l'envoyé spécial des Nations unies pour la Libye, le diplomate Bernardino Leon, s'avère ardue à mesure que les parties libyennes affichent plus d'hostilité que de possibilité d'entente. L'Algérie, qui joue un rôle «prépondérant» dans ce dossier, aura la possibilité de réaffirmer son «approche inclusive fondée sur le dialogue». En la matière, Ramtane Lamamra apparaît comme un «partenaire incontournable» pour Bruxelles. Une autre actualité, qui ne manquera pas de faire débat à l'occasion de la visite de Federica Mogherini, est la migration dite clandestine. Dans ce domaine, il est demandé à l'Algérie de «jouer un rôle encore plus accru» et «un durcissement dans la sécurisation et la stabilisation de la région».