L'Université algérienne accueille cette année quelque 1,5 million d'étudiants. Plus du tiers occuperont les lits des Résidences universitaires (RU). Ils seraient, selon le directeur général de l'Office national des œuvres universitaires (Onou) environ 500 000 étudiants inscrits dans les RU dont 133 000 nouveaux arrivants. «Cette année, il n'y a pratiquement pas de sortants des résidences. Et avec les taux très élevés d'accès aux masters, entre 60 et 80%, l'année prochaine également il faudra prévoir un nombre très important de résidents», informe Abdelhak Boudraa. Malgré cette forte demande, le DG de l'ONOU rassure sur la disponibilité des lits. Deux semaines après l'ouverture officielle des résidences universitaires, le 1er septembre, il affirme que près de 90 000 lits sont restés libres. Début août, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique annonçait la réception de 50 000 nouveaux lits, ce qui porte les capacités globales des RU à 677 000 lits sur le territoire national. Aussi rassurante que peut l'être une telle aisance dans la disponibilité des places, elle cache toutefois un déséquilibre en matière de répartition des offres. En fait, se trouver un lit pour passer l'année universitaire dépend grandement de la région et du lieu de la résidence prisée par l'étudiant. Dans certaines wilayas et même au sein de la même ville, certaines structures d'accueil arrivent difficilement à satisfaire les demandes. «A Alger, Constantine ou Annaba, par exemple, il n'y a pas de gros problèmes pour accueillir les étudiants. Par contre, à Béjaïa (Amizour), Skikda, Relizane et Sidi Bel Abbès des tensions existent», reconnaît le Dg de l'Onou en affirmant que la défaillance de ces régions est due aux retards d'exécution et de réalisation des nouveaux projets de résidences. «Dans les wilayas où les projets ont abouti, les problèmes de lits ne se posent pas. Dans d'autres, il y a des retards et cela influe sur la disponibilité des places», enfonce-t-il. Fin août dernier, ce même responsable affirmait que l'exécution du programme spécial de réhabilitation et de rénovation d'une vingtaine de RU réparties à travers le territoire national variait d'une wilaya à l'autre et que le taux d'avancement était «dans l'ensemble acceptable». Par ailleurs, le plan quinquennal actuel prévoit la réalisation de 20 à 35 nouvelles résidences dans plusieurs wilayas. 40 DA par mois pour 12 m3, tel est le tarif et la norme pour chaque étudiant résident. Selon M. Boudraa, dans 80% des établissements, les étudiants seront logés en chambres doubles. «Mais dans les anciennes structures et autres héritées de divers secteurs, la chambre sera partagée par 4 résidents», explique-t-il. Ces normes presque idéales, annoncées par le responsable des œuvres universitaires, contrastent avec les témoignages des résidents qui dénoncent souvent une surcharge des chambres et le squat des lits par d'indus occupants. «Le seul système infaillible dans notre gestion est la régie. On ne peut savoir exactement le nombre de résidents qu'à travers le comptage des loyer payés», reconnaît Abdelhak Boudraâ pour exprimer la grande difficulté que rencontrent les gestionnaires des RU à lutter contre les indus occupants. «Nous avons délivré une carte magnétique à chaque résident pour l'accès à la résidence et au restaurant universitaires. Mais à la sortie du transport universitaire, les étudiants se ruent sur l'entrée et perturbent le contrôle. Il est très compliqué pour les agents de vérifier chaque carte face à la cohue», argue le DG de l'Onou. Compréhensif, le responsable ne blâme pas les étudiants pour autant. «Ce sont des résidences universitaires. Les étudiants ont besoin quelquefois de faire entrer un camarade, un binôme ou un ami. Parfois, c'est pleinement justifié comme lors de l'élaboration de thèse ou de mémoire. On ne peut pas interdire à un étudiant l'accès à la résidence ou au restaurant universitaires», explique-t-il. Mais cette situation complique la gestion des résidences lorsque les «intrus» y élisent domicile. Il faut savoir que pour ouvrir droit à un lit dans une RU, le demandeur doit justifier d'un document d'inscription dans un établissement du supérieur et habiter à une certaine distance du lieu d'études (50 km pour les étudiants et 30 km pour les étudiantes). «Cette année, nous avons allégé le dossier d'inscription. On a éliminé ce qui semblait superflu, comme l'acte de naissance, les enveloppes timbrées ou la légalisation des documents», annonce A. Boudraâ. En plus de l'hébergement des 500 000 étudiants, l'Office national des œuvres universitaires dispense 1 200 000 repas par jour dans les restaurants universitaires et gère la dispense de la bourse universitaire pour plus de 70% des étudiants, dont 341 000 nouveaux boursiers.