La santé dans les résidences universitaires a été hier débattue en profondeur lors de la 4ème rencontre nationale sur la santé universitaire tenue à la résidence universitaire et ce en présence aussi bien des gestionnaires des œuvres universitaires que les médecins des unités de médecine préventive (UMP). Abdelhak Boudraâ, le directeur général des œuvres universitaires, situe l'objectif essentiel de ce rendez-vous dans la nécessité de définir une même feuille de route pour chaque praticien exerçant au niveau des campus universitaires et de rappeler la mission médicale axée sur la prévention, et ce à travers une mise à niveau en matière de prise en charge médicale de la communauté universitaire par le biais d'imminents professeurs qui chaque année font un état des lieux sur les nouvelles pathologies susceptibles d'affecter cette population. Cette dernière est estimée à près de 500.000 résidents et résidentes occupant 390 résidences de différentes capacités. Le DG de l'ONOU reconnaît que ce secteur névralgique comporte des lacunes externes et internes. Il cite, à titre d'exemple, ces cités universitaires qui ne sont pas encore raccordées au réseau AEP et les effets sur l'hygiène à l'intérieur de l'établissement sont réels. A cela s'ajoute l'hétérogénéité des populations résidentes de par leur appartenance à différentes régions du pays et, par conséquent, avec des modes comportementaux très épars. Du coup, il devient très difficile de faire admettre des comportements donnés et de développer une coexistence et faire l'unanimité au niveau d'une résidence. Cela devient une mission délicate, voire impossible. Concernant les maladies observées chez les résidents, M. Boudraâ les renvoie à des raisons de stress causé par plusieurs facteurs allant du volume de travail aux chaînes dans les restaurants universitaires en passant par le spectre de l échec pédagogique et la promiscuité. Notre interlocuteur estime que le résident a besoin de tout ce qu'a besoin un individu et ces besoins vont de la récupération, des loisirs et de ne pas se considérer qu'il est là juste pour étudier. La résidence est multidimensionnelle, car elle offre aussi bien un cadre pédagogique que de vie et d'épanouissement social et culturel. « Une résidence universitaire n'est pas comme elle est qualifiée communément comme HTR (hébergement, transport, restauration) ». A une question relative aux récurrentes intoxications alimentaires dans les CU, M. Boudraâ précise d'emblée que n'est qualifiée d'intoxication alimentaire que lorsque le nombre de cas infectés atteint entre 30 et 40% des résidents. Il dira que « certaines intoxications sont préfabriquées » et la dernière en date, à savoir celle de la résidence universitaire de Belgaïd, en est le parfait exemple. « Seuls 30 cas ont été recensés avec une seule étudiante sur les 500 résidentes, alors qu'aucun membre du personnel n'a été atteint ». Le même responsable ira plus loin pour révéler que parmi les étudiants, tous sont de la deuxième année qui avaient un contrôle pédagogique le lendemain et voulaient donc trouver un subterfuge pour ne pas être évalués et obtenir des autorisations d'absence. A noter, cependant, dans ce cadre, que les services de la protection civile ont évacué 83 étudiants vers l'hôpital. En outre, l'état de santé de 16 d'entre eux avait été jugé suffisamment grave pour les garder en observation au niveau de l'EHU. « Mettre ce problème sur le dos des étudiants, c'est de la fuite en avant. Les œuvres universitaires ont une responsabilité directe sur ce qui s'est passé à Belgaïd », diront des étudiants, membres de l'ONEA, entre autres. En tous les cas, cet exemple n'est, certes, pas à généraliser du fait que dans des cas extrêmes, certaines intoxications sont réelles et ceci s'explique par le manque de vigilance et par l'absence d'équipements permettant de contrôler les aliments reçus. « Pour un million de repas servis quotidiennement, un nombre de 500 cas d'intoxication par an apparaît comme dérisoire », a également commenté M. Boudraâ. En revanche, ce dernier reconnaît que le personnel de cuisine a été formé sur le tas et nombreux sont les agents qui n'étaient pas imprégnés de la restauration pour des milliers de repas. A une question relative au subventionnement public des œuvres universitaires, le DG de l'ONOU rappelle que les actuels tarifs, à savoir un repas à 1,20 DA, une chambre à 40 DA le mois et un service de transport à 15 DA mensuellement, datent de 1963. L'option de ne plus subventionner les œuvres universitaires et inclure cette aide indirecte dans la bourse a été envisagée à un certain moment avant d'être gelée, et ce pour des raisons objectives et qui nécessitent l'implication de tous les services publics dans la prise en charge de la communauté résidente dans les campus, chose qui s'avère difficile dans les conditions actuelles.