Vendredi à 19h, la maison de la culture de Koléa a accueilli la troupe andalouse mythique El Djenadia de Boufarik. Cette association culturelle et artistique de la ville des Oranges, fondée en 1985, s'est forgée, depuis, un nom dans ce genre musical en raflant plusieurs prix, aussi bien en Algérie qu'à l'étranger. L'expérience tentée, vendredi dernier, est louable : une fusion entre El Djenadia, avec à sa tête Lamine Bouzar, percussionniste, comme chef d'orchestre, et la troupe des Beaux-Arts d'Alger menée par Abdelhadi Boukoura, violoniste. Un heureux jumelage entre deux troupes aux talents avérés. Trente-six musiciens talentueux sous les feux de la rampe… et ils brillaient de mille feux ! La musique andalouse, ce vendredi soir, à Koléa, connut, sous les doigts experts des jeunes artistes de cette troupe judicieusement composée des deux associations et avec ses plus belles voix féminines et masculines langoureuses à souhait comme l'exige le genre, ses moments de gloire. Un air de l'antique Andalousie a régné, pendant plus de deux heures et demie, sur la maison de la culture de Koléa, cette ville qui n'est plus à présenter dans les domaines de la musique et du théâtre. La troupe entame la soirée par une touchia sika suivie de men ybet, du genre aaroubi, mode Reml maya et, après un court istikhbar, enchaîne avec Ya taleb, langoureuses paroles de Cheikh Benamar. Suivent ya qalbi ndiik lechraa, mode ghrib, comme premier khlass, puis Besm eroudh et, enfin, Tarahlou anni wa sarou, respectivement deuxième et troisième khlass. Il y eut une pause. La troupe se retira de la scène. On projeta un documentaire sur la troupe de Boufarik, son parcours, ses fondateurs et ses chouyoukh. Kamel Youbi (1955-2014) en fut un. Cette soirée est organisée à sa mémoire. Retour sur la scène d'El Djenadia, cette fois-ci seule. Nouvelle tenue : les musiciens ont troqué leur gilet et leur karakou contre des costumes classiques noirs, des chemises blanches et des cravates papillons. Même genre musical, mais des instruments modernes sont introduits, comme la guitare, la batterie, la basse, le banjo et le mandole. Après une tefricha moual, El Djenadia se lance dans un Fadji ya rab fadji, haouzi, paroles du regretté Kamel Youbi, qui provoqua quelques larmes dans la salle parmi ses amis et ses proches. Après deux khlass et un extrait musical, la troupe clôt la soirée avec deux madayah religieux du patrimoine : Souqna aamer billah et La Ilaha Illa Allah. Abdelkader Semiani, le président d'El Djenadia, fier comme un coq en pâte de sa troupe, mais d'une fierté légitime et méritée, a tenu à honorer l'épouse du regretté Kamel Youbi présente dans la salle. Larmes, retrouvailles, applaudissements et tomber de rideau. Koléa retrouva son calme nocturne.