Massacrée par le béton, l'harmonie d'un des plus beaux quartiers de la capitale des Hauts-Plateaux fait pitié. Conçue en 1920 avec 150 maisons individuelles, bordées d'espaces verts, la cité Bon marché (ex-cité Lévy), dénommée «Patrimoine sétifien», n'est plus la cité résidentielle d'antan. Massacrée par le béton, l'harmonie d'un des plus beaux quartiers de la capitale des Hauts-Plateaux fait pitié. Par la «force» de l'argent et des prête-noms, les belles villas sans commerce cèdent le terrain aux «buildings» écrasant tout sur leur passage. Même les outils d'urbanisme, notamment le Plan d'occupation des sols (POS) n°4 approuvé par le wali de Sétif, ont été violés par des «apprentis promoteurs» que rien n'arrête. Fixant les normes de construction à R+2, tout en respectant le recul des constructions voisines, ledit POS a été réalisé selon des critères bien déterminés. Sachant que la vulnérabilité du sol de Bon marché est établie. Celui-ci (le sol s'entend) est constitué d'anciens dépôts pollués (remblais de plus de 4 m) avec des eaux souterraines. Les études sismiques ont classé le site S3 par rapport à son caractère «meuble», situé sur une zone d'accumulation des eaux. Devant les passe-droits, ces paramètres n'ont pas pesé lourd. D'autant plus que le phénomène des constructions R+5, qui ne date pas d'hier, prend ces derniers temps des proportions alarmantes à Bon marché, baptisé cité Tlidjene où pas moins de 30 buildings «rentables» ont vu le jour. Il convient de savoir qu'une fois vendu, le building de 10 appartements rapporte au «promoteur», activant sous la couverture d'une tierce personne, des bénéfices dépassant les 80 millions de dinars (8 milliards de centimes). N'acceptant pas un fait accompli, ne disant pas son nom, des citoyens, natifs de Bon marché du beau vieux temps, créent une association -cadre idoine pour sauver ce qui reste à sauver d'une cité où il ne fait plus bon vivre. Se basant sur l'article n°74 de la loi 90-29 du 1er décembre 1990 relative à l'aménagement et l'urbanisme, lui conférant le droit de se porter partie civile contre toute infraction aux dispositions en matière d'aménagement et d'urbanisme, l'association constituée de quelques éléments de l'élite de la ville de Aïn Fouara porte l'affaire devant l'appareil judiciaire. Appuyée par les transgressés, articles 38 et 44 du décret exécutif n° 91-176 du 28 mai 1991 fixant les modalités d'instruction et de délivrance du certificat d'urbanisme, du permis de lotir, du certificat de morcellement, du permis de construire, du certificat de conformité et du permis de démolir, la plainte fait son effet. Puisque la justice somme les nouveaux promoteurs de fermer leur chantier. Bénéficiant de complicité, des «constructeurs» ayant le bras long travaillent le week-end, et ce, au grand dam des riverains. Afin de protéger leur quartier et l'intimité des habitants de ces petites villes agressées par ces «tours», l'association de Bon marché interpelle les autorités qui continuent à délivrer des permis de construire qui n'ont pas lieu d'être…