Le Festival international de la bande dessinée d'Alger débute mardi prochain sur l'Esplanade de Riad El Feth. Un programme copieux en perspective avec notamment des expositions centrées sur la production de plusieurs pays : la Corée du Sud, pays invité d'honneur, la Russie, la Chine et Cuba. Comme de tradition, l'exposition «Afrique en partage» mettra en valeur des créations du continent avec des auteurs du Bénin, du Cameroun, de Centrafrique, du Congo, de la Côte d'Ivoire, du Mali et du Sénégal. Des tables rondes, conférences et ateliers d'initiation viennent enrichir ce rendez-vous toujours très fréquenté et exubérant, de même que ses concours et remises de prix. C'est également le rendez-vous des éditeurs algériens de bande dessinée dont les stands sont aussi courus que la Librairie internationale. L'occasion aussi d'une animation artistique et ludique qui séduit les amateurs de 7 à 77 ans pour reprendre la célèbre formule. Impossible de reprendre ici tous les éléments d'une offre culturelle diverse que le site officiel de l'événement permet de découvrir dans le menu détail (www.bdalger.net). Signalons cependant quelques points qui ont attiré notre attention et d'abord cette exposition de Redouane Assari, alias Red One. Né à Alger en 1952, il est «tombé dans la marmite» à l'âge de dix ans ! Il a été dans la mythique revue M'Quidèche durant toute son existence (1969-1974) puis dans divers projets éditoriaux où il affinera son talent et sa créativité. A partir de 1994, il s'installe à Paris où débute la deuxième partie de sa carrière marquée par la série d'albums pour enfants, Tilou, conçue par Fabien et Christine Theillier. Il sera particulièrement honoré par le FIBDA, de même que plusieurs pionniers du 9e art algérien (Ali Moulay, Bennedine, Abbas Kebir et Hebrih) ainsi que Gyps. L'autre focale que nous avons choisie est celle de la présentation en avant-première d'un album dont la parution est prévue en 2016 et qui promet d'ores et déjà, par son contenu et la qualité de ses créateurs, de devenir un événement dans l'édition de la bande dessinée. Il s'agit de l'épopée des footballeurs professionnels algériens (dont l'emblématique Rachid Mekhloufi), qui jouaient dans des clubs français et qui, à l'appel du FLN, quittèrent clandestinement la France le 13 avril 1958 pour rejoindre Tunis et former la première équipe nationale. Conçu et réalisée par Kris, Galic et Rey, cette œuvre en gestation s'appuie sur un travail documentaire approfondi, nourri notamment par le retentissement énorme de cette «évasion» unique dans l'histoire. Enfin, le FIBDA innove en proposant, avec le soutien du Forum des chefs d'entreprises, un colloque sur les rapports entre l'économie et la culture (jeudi 8 octobre). Il y sera question de mécénat culturel des entreprises, mais aussi de l'importance des industries culturelles dans la croissance économique. La note de présentation de la rencontre signale qu'en Europe, elles fournissent 8 millions d'emplois et 4% du PIB, tandis qu'au niveau mondial, elles génèrent 6% du PIB et mobilisent 3,5% du commerce international (chiffres 2013). Cette réflexion, qui était nécessaire depuis longtemps, devient vitale en ces temps de crise. Il est seulement amusant que ce soit le monde des bulles qui interpelle celui des chiffres.