A fin juin 2015, la liquidité globale des banques a enregistré une contraction de près 626 milliards de dinars. Le dispositif de mise en conformité fiscale volontaire (MCFV), lancé en août dernier pour drainer les fonds informels, vise entre autres objectifs à renflouer les caisses des banques, dont certaines connaissent de sérieux problèmes de liquidités, selon des intervenants du secteur. De fait, la tendance à la baisse des liquidités des banques amorcée depuis quelques mois, sous l'effet de la crise pétrolière, s'est bel et bien accentuée à la fin du premier semestre de l'année en cours, comme le confirment les derniers chiffres de la Banque d'Algérie (BA). Aussi, le dispositif MCFV, qui s'apparente à une procédure d'amnistie fiscale, répond en partie à l'urgence de trouver des ressources financières alternatives pour renflouer les caisses des banques. Le compte rendu de la BA sur la conjoncture monétaire et financière du premier semestre de 2015 est, en ce sens, très explicite. A fin juin 2015, la liquidité globale des banques a enregistré «une forte contraction», évaluée à près de 626 milliards de dinars, due essentiellement «à la forte baisse des dépôts du secteur des hydrocarbures», indique ainsi la Banque centrale. Alors qu'il dépassait les 2730 milliards de dinars à la fin de l'année écoulée, le niveau de liquidités du secteur bancaire a chuté à près de 2105 milliards de dinars à fin juin dernier, certaines banques publiques, indiquent des banquiers de la place locale, étant plus affectées que d'autres, d'où leur recours accru à des financements sur le marché monétaire. Un état de fait que confirme la rapport de la BA, qui souligne une nette augmentation des montants échangés sur le marché interbancaire entre décembre et juin dernier, tout en indiquant que ses opérations habituelles de reprise de liquidités pour limiter l'inflation deviennent désormais de moins en moins fréquentes. Dans cet ordre d'idée, la Banque centrale, qui fait également office d'autorité de supervision bancaire, annonce d'emblée un retour attendu des banques au refinancement auprès de ses structures «avant la fin de l'année en cours» via le réescompte, c'est-à-dire, une forme de prêts permettant aux établissements financiers de se fournir en liquidités. Dans ce sillage, la BA en vient presque à enjoindre aux banques de jouer pleinement leur rôle pour «drainer une fraction de la monnaie fiduciaire en circulation, en proposant de nouveaux produits financiers et des taux de rendement attractifs». En clair, les banques sont ainsi désormais tenues de chercher à résorber leur manque de liquidités en proposant des produits d'épargne et des taux d'intérêt positifs, de sorte à capter, au moins, une partie des fonds colossaux qui circulent hors circuit bancaire. Dans l'actuel contexte de tarissement des ressources financières habituelles du pays, à savoir essentiellement celles tirées des hydrocarbures, le dispositif visant la bancarisation d'une partie de l'argent de l'informel semble à ce point être dicté par le besoin urgent de l'Etat de renflouer et son budget, déjà fortement déséquilibré, et ses établissements bancaires, dont la solvabilité commence à l'évidence à être quelque peu mise à mal.