Organisée par le Centre national du livre (CNL), cette journée d'étude a permis, d'une part, aux initiateurs de cette loi d'expliquer certains articles, et, d'autre part, de donner la parole aux professionnels du livre. Hassan Marmouri, nouveau directeur du livre et de la lecture publique au ministère de la Culture, a indiqué que ces dernières années le livre en Algérie a pris un essor considérable. Selon lui, la loi portant sur les activités et sur le marché du livre permettra de mieux réguler et d'assainir le champ éditorial. La loi sur le livre, qui s'articule sur une soixantaine d'articles, a été promulguée en juillet dernier après son adoption par le Parlement. Le directeur de la Bibliothèque nationale, Gana Yasser Arafat, qui a contribué à la préparation du texte de loi, est revenu sur les quatre périodes importantes qui ont caractérisé l'activité du livre : l'après-indépendance, les années 1990 avec l'apparition des maisons d'édition privées, les années 2000 avec la subvention de l'Etat, et en 2003 avec la tenue des assisses du livre. Le conférencier a ensuite survolé quelques articles précis. Ainsi, l'article 2 stipule que les activités du livre sont constituées de l'édition, l'impression, la commercialisation et la promotion des métiers et des professions du livre. L'article 39 stipule que les établissements d'audiovisuel publics et privés sont tenus de diffuser des émissions consacrées au livre. L'article 41 précise que les maisons d'édition du livre et les librairies peuvent obtenir un label de qualité délivré par le ministère la Culture. Il est également indiqué dans l'article 44 que les personnes morales de droit privé peuvent ouvrir des bibliothèques de lecture publique et réaliser des profits commerciaux. Pour le directeur du CNL, Hassen Bendif, cette loi a été discutée avec un certain nombre d'acteurs de la chaîne du livre. «Aujourd'hui, nous avons ressenti la nécessité de réunir les professionnels du livre pour pouvoir exposer dans les grandes lignes d'abord le contenu de cette loi. Et dans la deuxième partie, nous allons donner la parole aux professionnels pour que nous puissions avoir une idée bien précise des attentes de la profession. Il faudrait que ces attentes trouvent leur expression dans les textes d'application», a-t-il confié. Le projet de loi sur le livre continue de susciter un débat controversé. Meriem Merdaci, directrice de la maison d'édition les Champ Libres de Constantine, avoue qu'elle n'a pris connaissance de cette loi que récemment. «Comme toute loi, il y a des points intéressants qu'il fallait mettre en application depuis très longtemps pour régulariser le marché et l'activité du livre. Il y a des points, forcément, qui ne sont pas cohérents, comme par exemple passer par une librairie quand une commande nous vient d'une institution. L'éditeur a toujours pris en charge ce volet, donc pourquoi c'est le libraire, avec tout le respect qu'on lui doit, qui s'occupe de cette mission ? Ce serait mieux d'ouvrir des librairies et des bibliothèques privées. Pour tout le reste, je pense qu'il faut avoir cette loi. Il faut essayer de cadrer le métier», a-t-elle relevé. Samira Bendriss, des éditions El Ibriz, révèle pour sa part qu'elle ne connaît pas la loi dans tous ses détails, mais une chose est sûre, c'est une loi qui va dans le bon sens. Samia Zenadi, des éditions APIC, indique qu'elle a découvert cette loi dans sa version finale à la faveur de la rencontre. «Cette loi ne tient pas en compte de certains aspects qui vont nous engloutir encore plus. On parle de création de librairies à travers le territoire national, l'obligation des institutions de l'Etat d'acheter au niveau des librairies locales de la wilaya ou de la daïra, mais peut-être qu'elle va favoriser ceux qui sont déjà dans ce circuit - ceux qui ont beaucoup d'argent - de s'installer plus facilement dans certaines zones. On favorise l'esprit rentier. Pour l'épanouissement du livre, il n'y a pas que les points de vente. Il faudrait que la conception de la librairie se transforme d'un lieu de vente en lieu de médiation. Et pour cela, on devrait consulter un peu plus les professionnels du livre et tenir compte des réalités du terrain algérien qui sont complètement différentes des autres. Il y a aussi un autre point sensible, celui de la protection de l'édition nationale», a-t-elle confié. Si cette loi continue de susciter la polémique, il faut attendre les textes d'application. Pour ce faire, un délai a été arrêté pour l'application de cette loi le premier semestre 2016.