Il est une catégorie de gens que l'on ignore totalement, les parents des handicapés. Ces personnes qui ont des enfants malades, impotents ou handicapés vivent en silence une douleur immense que personne à part eux ne peut ressentir. Un enfant handicapé, qu'il soit jeune ou encore adulte, est source de soucis et de préoccupations. L'avenir est plein d'inconnu et nul ne sait de quoi sera fait demain. « J'ai un enfant handicapé moteur qui est tout le temps allongé. A six ans, il porte encore des couches, on se démène comme on peut avec un salaire de fonctionnaire, mais parfois on a envie de tout laisser tomber. La vie est déjà dure, mais voir son enfant comme ça, n'est pas facilement supportable », nous confie H., la mère d'un jeune handicapé, le visage défait par la rage. Ces enfants malades ou handicapés nécessitent une prise en charge et des soins réguliers, spécifiques, parfois des médicaments et des appareillages qui coûtent chers. Et personne ni la sécurité sociale ni aucune autorité ne s'en inquiète. « Les injections pour les cancéreux valent 35 000 DA et ne sont pas remboursables, alors que le Viagra l'a été par la CNAS. Mon fils est sourd et a besoin d'un implant cochléaire qui coûte 3 millions de dinars (oui trois cents millions de centimes) et c'est avec un salaire de misère que je vais rendre l'ouïe à mon petit garçon… », enrage Allaoua, père d'un enfant IMC et sourd profond qui attend toujours une décision du service ORL de Mustapha Pacha pour pouvoir communiquer avec son jeune garçon. « Personne ne vous viendra en aide et surtout pas l'Etat, qui a d'autres préoccupations que nos enfants malades. Les différentes associations essaient tant bien que mal, mais déjà qu'elles ont des difficultés à se suffire à elles-mêmes. On se retrouve seul avec sa douleur et son immense désespoir », se plaint Nabil, les yeux rouges de colère. Kamel (agence presse de Sétif pour les intimes, les journalistes locaux notamment) un handicapé physique, l'unique revendeur de journaux à la criée de la cité, attend depuis 1982 un utopique kiosque qui va le dispenser des kilomètres avalés quotidiennement. Pour mettre un terme au calvaire qui perdure depuis plus de deux décennies, le handicapé, qui ne demande ni charité ni aumône, mais tout simplement un kiosque à journaux, a été dernièrement humilié par le P/APC, n'ayant pas voulu entendre les doléances de ce battant, un modèl qui ne coûte rien à la collectivité. « Dernièrement, je me suis présenté à l'APC pour exposer une nouvelle fois mon problème au P/APC qui n'a pas trouvé mieux que de me chasser tel un chien. La position du P/APC me fait encore mal », dira non sans colère Kamel, ne méritant pas un tel traitement. Quand l'enfant est encore jeune, les parents se permettent toutes sortes de rêves et d'espoirs, mais lorsque l'enfant grandit et qu'il devient « encombrant », les choses changent. Certains parents nous confient, dans la douleur, qu'ils sont arrivés à souhaiter la mort à leur enfant. « Voir son enfant végéter ainsi, sans aucune évolution possible ça vous tue ! », déclarent à l'unisson des parents, qui continuent, malgré toute la douleur et la solitude, à s'occuper de leurs enfants avec leur immense amour qui est finalement l'unique remède à leur désespoir. Kamel Beniaiche, Nabil Lalmi