Condition n L'inclusion complète des personnes handicapées dans la société doit de prime abord se refléter dans leur accès à l'éducation. Un droit qui ne semble pas toujours acquis. Il est entendu par personne handicapée, toute personne atteinte d'un handicap moteur, sensoriel, visuel ou de maladie chronique. Ils sont environ 18 000 en Algérie à bénéficier des programmes de prise en charge spécialisés au niveau de 258 centres relevant du ministère de l'Emploi et de la Solidarité nationale. Ces personnes sont contraintes de gérer non seulement leur propre handicap, mais aussi l'indifférence de la société et certains preneurs de décisions. Les handicapés moteurs, auditifs et visuels suivent le même programme dispensé dans les différents établissements algériens. Ce qui est en soi un paradoxe car cela signifie que d'une part, ils sont considérés comme étant des élèves capables des mêmes performances intellectuelles que leurs camarades valides et, d'autre part, comme des individus amoindris. Au vu de cette réalité, une visite dans ces structures spécialisées s'imposait pour faire sortir ce monde peu connu de l'anonymat. On y apprend d'emblée que même si les enseignants continuent à défendre les intérêts de cette catégorie, ils se plaignent de ne pas disposer d'un programme et d'outils didactiques appropriés. Ce problème se pose avec acuité dans les écoles spéciales sourds-muets et non-voyants, au-delà du nombre d'établissements qui reste bien en deçà de la demande. Il existe à peine un à deux centres ou écoles pour chaque déficience par wilaya, alors qu'il en faudrait, notamment, pour les handicapés mentaux en raison de leur grand nombre, un par daïra. Ce peu de considération accordée à cette catégorie est aussi reproché à certaines familles. On ne peut nier, en effet, que jusqu'à présent, avoir un handicapé chez soi demeure un véritable tabou pour de nombreux parents, y compris ceux qui ont atteint un haut niveau d'instruction. Nombreux sont les enfants handicapés qui inscrits dans ces centres spécialisés se trouvent complètement livrés à l'Etat. Leurs familles sont totalement démissionnaires, elles ne veulent pas d'eux. Elles refusent, selon les encadreurs rencontrés sur place, d'admettre que leur enfant soit handicapé à tel point que certains parents font des mains et des pieds pour les scolariser au primaire au même titre que leur fratrie normalement constituée. Ce n'est qu'au bout de deux à trois ans, après avoir pris conscience de l'étendue de l'échec et de toutes ces années perdues vainement, qu'ils sont réinscrits dans une école spécialisée. De toute évidence, ce manque de prise en charge précoce défavorable aux enfants handicapés a des conséquences préjudiciables sur leur avenir socioprofessionnel. La politique adoptée par les autorités algériennes en faveur des personnes handicapées se résume à de simples programmes, sans aucune base juridique et encore moins d'assistance particulière aux familles à charge d'un handicapé à même de permettre à ce dernier de jouir pleinement de tous ses droits et d'occuper la place qui lui sied dans la cellule familiale et dans la société. Pour preuve, l'intérêt que voue l'Etat à cette catégorie n'a , curieusement, pas réussi à ouvrir les portes de nos universités à ces étudiants aux besoins spécifiques.