Accès à l'emploi Les personnes handicapées en âge de travailler sont tant de fois plus touchées par le chômage que les personnes non handicapées. Ceci est dû non seulement à une attitude discriminatoire, mais également à l'inaptitude ou à la mauvaise grâce à adapter les pratiques et lieux de travail. Il est intéressant de noter que l'approche adoptée dans la Loi sur les Américains handicapés (Americans with Disabilities Act - ADA), qui requiert des employeurs l'adoption de « mesures raisonnables » pour les employés handicapés qualifiés, n'a pas constitué une charge pour les employeurs, la plupart des mesures n'ayant pas engendré de surcoût ou un coût minimal (les études sur l'ADA montrent que la plupart des « mesures » ont coûté moins de 500 dollars US). Le rôle de l'Algérie est limité dans ce domaine, mais les personnes handicapées recommandent qu'une priorité accrue soit accordée au handicap et à l'emploi dans la stratégie globale en matière d'emploi, la publication du Code de bonne pratique pour l'emploi des personnes handicapées (qui devait paraître) et une plus grande intégration des personnes handicapées dans tous les programmes sur l'emploi, ainsi que des efforts accrus pour faire participer les personnes handicapées et leurs ONG à la gestion et la mise en œuvre du programme Horizon. De plus, davantage de mesures devraient être prises pour s'assurer que les personnes handicapées ou les personnes dont un membre de la famille ou le partenaire est handicapé puissent bénéficier de modes ou de formes de travail différentes comme le travail à mi-temps, le télétravail ou les horaires flexibles. Des recherches devraient être entreprises sur l'interaction entre les systèmes de sécurité sociale et le travail à temps partiel, pour aider les personnes handicapées qui souhaitent travailler à mi-temps si leur handicap le leur permet mais qui ne peuvent le faire en raison des restrictions imposées par le régime de sécurité sociale. Et devraient être encouragés à prendre toutes mesures nécessaires pour promouvoir l'emploi des personnes handicapées, y compris arrêter une législation globalement non-discriminatoire. Accès aux transports « En tant que citoyens algériens, nous jouissons de la liberté de circulation entre toutes les villes d'Algérie mais nous n'avons pas de liberté de mouvement en tant que personnes handicapées dans notre propre pays... Aucun changement n'est intervenu pour les personnes atteintes de handicaps. » Les transports « publics et privés » sont inaccessibles aux personnes handicapées. Certaines compagnies aériennes interdisent aux personnes handicapées de voyager non accompagnées et/ou limitent le nombre de personnes handicapées sur leurs vols et/ou obligent les personnes handicapées à remplir un formulaire indiquant que leur apparence et leur attitude n'occasionnera aucune gêne pour les autres passagers. De nombreux autres types de transports publics, comme les trains, les taxis et les autobus sont inaccessibles aux personnes handicapées, obligeant ces dernières à recourir à des formes de transport plus coûteuses ou à leur voiture privée. Des mesures devraient être prises pour garantir une accessibilité totale reconnaissant que le recours à des transports publics accessibles augmente les revenus des passagers. Double discrimination Les personnes handicapées qui font également partie d'un autre groupe d'opprimés, comme par exemple les femmes handicapées, peuvent être confrontées à une discrimination multiple. « Il est vrai que pour de nombreuses personnes handicapées femmes, la discrimination peut se faire sur la base du sexe, ou sur l'ensemble de ces aspects, à tout moment. » La maladie mentale fait que les hôpitaux psychiatriques peuvent être des lieux dangereux pour les femmes. Combien les femmes et les jeunes filles atteintes de handicaps mentaux sont considérablement plus vulnérables aux violences sexuelles. Les femmes handicapées sont également davantage exclues du marché du travail que les hommes handicapés et se voient souvent refuser le droit à la maternité et peuvent être confrontées à la stérilisation forcée. Représentation Les personnes handicapées ne forment pas un groupe homogène et les personnes incapables de parler pour elles-mêmes ou de se représenter elles-mêmes sont souvent moins visibles au sein du mouvement des personnes handicapées. Pour ce groupe de personnes, les systèmes de représentation par les parents sont bien développés et efficaces. Les systèmes d'auto-représentation sont sous-développés ou en cours de développement. Un document indique que « les personnes autistes participent à toutes les décisions qui les concernent... qu'un programme d'échange est organisé sur le thème de l'auto-représentation afin d'encourager les bonnes pratiques ». Un autre document note que de nombreuses personnes handicapées sont totalement ignorantes de leurs droits et que l'auto-représentation ou la représentation par autrui ont aidé des personnes ayant un handicap mental à connaître et à obtenir leurs droits. De même, un autre document précise qu'en raison du déséquilibre des pouvoirs existant actuellement dans le système psychiatrique, les personnes s'estiment souvent incapables de récuser les décisions prises en leur nom. Une représentation indépendante devrait être disponible. De tels systèmes sont indispensables pour s'assurer que les groupes de personnes handicapées incapables de se représenter elles-mêmes puissent être impliqués dans les décisions qui les concernent. Les etats membres comme l'Union européenne doivent prendre davantage de mesures destinées à encourager les programmes de représentation et d'auto-représentation ainsi que les échanges de bonnes pratiques. Accès à l'éducation Aller à l'école malgré le handicap La scolarisation de tous les enfants et adolescents, quelles que soient les déficiences ou maladies qui perturbent leur développement ou entravent leur autonomie, est un droit constitutionnel. Tous les jeunes doivent trouver dans le milieu scolaire ordinaire la possibilité d'apprendre et de grandir avec les autres, pour préparer leur avenir d'hommes et de femmes libres et de citoyens. Or, aujourd'hui, un grand nombre d'enfants atteints de maladies handicapantes, ne sont pas scolarisés ou rencontrent de grandes difficultés pour l'être. En effet, malgré la loi, la scolarisation des enfants handicapés relève essentiellement de la bonne volonté individuelle d'un directeur d'école ou d'une équipe d'enseignants. Aller à l'université L'ensemble des universités algériennes ne sont pas accessibles aux étudiants handicapés, lié à la non-adaptation du système d'enseignement supérieur aux étudiants pouvant avoir des difficultés, mais aussi à l'absence d'une politique volontariste, portée et soutenue par les responsables du secteur de l'enseignement supérieur préparant aux études supérieures à destination des étudiants handicapés. L'accès ne peut être réalisé par les étudiants handicapés, car il n'existe pas d'information sur l'accès à l'université lorsqu'ils désirent étudier. L'impossibilité d'obtenir des aides, telles que les services d'assistance personnelle ou l'aide technique ou humaine constitue un problème supplémentaire lorsqu'une personne souhaite étudier dans une université algérienne. À quand le décret d'application ? Jusqu'à présent, l'approche adoptée par l'Etat algérien pour sa politique en matière de handicap s'est basée sur des programmes, faute de base juridique dans la loi 02/09 du 08 mai 2002, et l'on attend les décrets d'application des différents articles de la loi 02/09. Il est essentiel qu'une action transitoire soit poursuivie, que les ONG représentatives des personnes handicapées et de leurs familles reçoivent une assistance et qu'un futur cadre juridique en matière de handicap soit présenté, prenant comme référence les règles générales des Nations unies. « nous n'avons pas de bonnes connaissances des décrets d'application de la loi 02/09 relative à la protection et la promotion des personnes handicapées. » Le contexte international « Nous sommes devenus des personnes. Nous sommes devenus des citoyens disposant de suffisamment de pouvoir pour devenir des employés et des clients potentiels » (commentaire d'une personne handicapée sur l'impact de la loi américaine sur les personnes handicapées - ADA). Les etats-Unis ont récemment adopté une législation complète portant sur les droits civils des personnes handicapées sous la forme du Americans with Disabilities Act. L'Amérique a fait du chemin en matière de législation pour résoudre ces problèmes, et il est temps désormais pour les pouvoirs publics algériens d'agir pour aider les citoyens handicapés dans toute l'Algérie. Nous sollicitons les pouvoirs publics algériens de faire une étude pour recenser les pouvoirs conférés par la loi américaine aux personnes handicapées et les mesures prises par les entreprises pour éliminer les barrières architecturales et comportementales et fournir des biens et des services accessibles aux personnes handicapées. La conformité à la loi a accru la compétitivité dans la mesure où le public de consommateurs concernés s'étend aux personnes handicapées. Tout en sachant qu'il est bien sûr impossible de disposer d'une loi similaire en Algérie puisqu'une telle loi relève de la compétence, il est essentiel que le principe de non-discrimination soit ancré dans la législation algérienne et s'applique à tous les cas où la compétence législative relève de l'Algérie. Le législateur devrait également être encouragé à promouvoir une législation d'ensemble non discriminatoire et à échanger de bonnes pratiques sur des principes non discriminatoires. Le devoir Il est du devoir de la société et des différentes institutions de l'Etat d'agir en faveur de cette catégorie de citoyens, de lui fournir les moyens, l'aide nécessaire et satisfaire ses besoins spécifiques. Il est du devoir de la société et de l'Etat de prendre en charge les doléances des personnes handicapées qui méritent tout le respect à l'égard de leurs capacités d'organisation et d'accomplissement de leurs devoirs, sans se cacher derrière leur handicap et surtout leur participation aux efforts du développement du pays. Pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, pour répondre aux attentes des personnes handicapées : Le droit à compensation. La scolarité. L'emploi. L'accessibilité, etc. L'action pour les personnes handicapées est par nature une action longue et progressive. Elle n'est pas forcément spectaculaire, mais ses résultats sont visibles et concrets. Je veux, à ce titre, saluer l'efficacité de Mme Atika Mameri, présidente de la FAHM, qui est une véritable militante pour la cause des personnes handicapées. L'action envers les personnes handicapées emprunte en effet un chemin spécifique, celui du cœur et de la fraternité humaine. L'auteur est : Membre fondateur de la Fédération nationale IMC Fondateur de l'association de lutte contre les myopathies (ALAM) Bouira Père de deux enfants myopathes