L'invitation de l'Iran, c'est «d'une certaine manière un succès de la diplomatie russe», a déclaré Alexandre Baounov, analyste du centre Carnegie de Moscou. L'Iran, principal allié du régime syrien au Proche-Orient, participera pour la première fois, demain à Vienne, à des pourparlers internationaux sur le conflit syrien, un tournant diplomatique majeur voulu par Moscou. «Nous avons examiné l'invitation et il a été décidé que le ministre des Affaires étrangères participerait aux pourparlers», a déclaré la porte-parole de la diplomatie iranienne, Marzieh Afkham, citée par la télévision d'Etat. Ces «pourparlers élargis» seront précédés, ce soir, par une réunion quadripartite entre le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, et ses homologues américain, saoudien et turc, John Kerry, Adel Al Jubeir et Feridun Sinirlioglu, selon une source diplomatique russe. Une première rencontre du même format s'était déroulée vendredi dernier dans un palace viennois pour évoquer les perspectives de règlement de la guerre civile syrienne qui a fait plus de 250 000 morts depuis 2011. L'Iran n'avait jamais participé jusqu'ici à des discussions internationales sur le règlement de la crise syrienne, a souligné la diplomatie iranienne. En 2012, l'Iran n'a pas participé à la conférence de Genève 1 sur la Syrie, et son invitation à participer aux pourparlers de Genève 2 en 2014 avait été retirée par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, suite à l'opposition des Etats-Unis et de l'Arabie Saoudite, a rappelé la porte-parole. L'Iran chiite et l'Arabie Saoudite sunnite — les deux puissances rivales de la région — s'opposent ouvertement sur la Syrie. Cette fois «invité par les Etats-Unis», l'Iran va rejoindre à Vienne les chefs de la diplomatie russe, américaine, saoudienne, turque, mais aussi libanaise et égyptienne. L'Irak n'a pas encore fait savoir si son chef de la diplomatie serait présent. Les ministres français, britannique et allemand des Affaires étrangères seront également présents. La Russie a insisté, depuis le début du conflit en Syrie en 2011, sur la participation de l'Iran. Mais l'implication de Téhéran était fermement rejetée par les Etats-Unis avant qu'ils n'amorcent, mardi, à la surprise générale une inflexion de leur position. «Nous nous attendons à ce que l'Iran soit invité à participer», avait ainsi déclaré le porte-parole du Département d'Etat, John Kirby, évoquant un scénario qui représenterait un tournant diplomatique majeur dans le règlement du conflit syrien.