Il y a eu beaucoup d'émotions lors de l'hommage rendu vendredi soir au Palais de la culture au chanteur chaâbi El Hachemi Guerrouabi qui a tiré sa révérence l'été dernier. Ils sont venus nombreux pour assister à cette cérémonie, des visages connus ou moins connus et des célébrités, telles que Boudjemâa El Ankis, Abdelkader Guessoum, Hamidou, Djalti, Amine Zaoui (directeur de la Bibliothèque nationale) et les acteurs Sid Ali Kouiret et Larbi Zekkal. Plusieurs membres de la famille de l'artiste étaient présents à cet événement. Sur la scène, les organisateurs ont mis deux chaises, l'une pour permettre aux chanteurs d'interpréter des morceaux de musique et l'autre était restée vide. Il y avait quand même une guitare et une petite table où chaque artiste déposait une bougie. Juste à côté, il y avait des fleurs. Cette chaise-là était réservée au maître absent Guerrouabi, qui laisse ainsi un grand vide après sa disparition. Une affiche avec sa photo a été bien mise en évidence. Le chanteur populaire est parti mais son âme est toujours là pour éclairer tous ceux qui sont amoureux du chaâbi, une genre qui permet d'accéder à un univers où la sensibilité est à fleur de peau. Khalida Toumi, ministre de la Culture, a multiplié les adjectifs pour décrire l'artiste. « Il est difficile de parler d'El Hadj au passé, de cette pyramide du chaâbi. A son décès, une femme m'a dit : ‘'Un pilier de la culture authentique est tombé.'' Il aimait l'art algérien qu'il a servi et a écrit une page de son histoire en lettres d'or », a-t-elle déclaré, des paroles suivies par un tonnerre d'applaudissements. Timides et pudiques, les membres de sa famille baissent les yeux, gagnés par l'émotion. Après une minute de silence et la lecture de la Fatiha, le spectacle commence. La troupe qui a accompagné El Hadj interprète des morceaux de musique agréables à entendre. Mohamed Rebah a chanté une chanson sentimentale Amchi ya Rasoul fi dar El Habib. Des chanteurs se sont succédé pour honorer celui qui « est cher à nos cœurs, tu es parti au loin, notre maître, nous t'aimons et ton art habite en nous... ». Sans dénaturer les chansons, les différents artistes présents ont su se les approprier avec talent et audace. Chacun a apporté sa touche personnelle tout en restant fidèle à l'esprit de Guerrouabi. Nacer Mokdad, professeur à l'institut communal de musique d'Alger, a chanté Bini et bine Houbi. Yacine Ouabed, parolier et brillant dans la poésie algéroise et chaâbienne, a déclamé avec une gestuelle bien à lui deux poèmes qui expriment l'amour du pays décrit comme « la mariée du monde ». Il dira en substance : « Il y a la page des pleurs et la page du sourire. Comme aujourd'hui, tu sortiras ô mon pays bien-aimé de l'impasse ! » Nour Eddine Alane a mis de l'ambiance avec une chanson d'amour. Les invités à cette mémorable soirée ont fredonné avec lui ces airs qui ont bercé nos joies et nos peines de cœur. Mourad Djaâfri avait en commun avec Guerrouabi son admiration pour l'USMA. Il est venu en cette occasion rendre hommage au maître et lui témoigner sa reconnaissance. D'autres artistes ont fait le même geste, tous unis dans la douleur d'avoir perdu un membre de la famille artistique mais ils comptent bien suivre son chemin. Guerrouabi rejoint la légende et la relève tente de relever le défi de faire du chaâbi une musique qui ne s'éteindra jamais.