La chute des prix du pétrole a imposé l'arrêt ou le gel de plusieurs projets d'infrastructures. Alors que les habitants de plusieurs wilayas ont manifesté leur mécontentement, le gouvernement essaye de faire taire les protestataires. Sans les satisfaire. Depuis la baisse de plus de 50% des prix du pétrole par rapport à la même période de l'an dernier, le gouvernement a mis en place des restrictions budgétaires afin de maîtriser les dépenses de l'Etat. Le Premier ministre, qui plastronnait durant la campagne présidentielle de 2014 à propos de la manne financière, a changé de discours une année après pour annoncer la mise en place d'une «politique d'austérité». Depuis, le gouvernement ne cesse de serrer la vis pour faire baisser les dépenses publiques. Ces mesures, confirmées par le projet de loi des finances 2016 qui vient d'être examiné par la commission des finances il y a quelques jours, prévoient de dépouiller l'APN de ses prérogatives sur la gestion financière et de donner le pouvoir au ministère des Finances afin d'arrêter un projet approuvé par la Chambre haute du Parlement. La santé est l'un des secteurs les plus touchés : des dizaines d'hôpitaux dont l'étude est finalisée et les assiettes de terrain choisies sont «gelés jusqu'à nouvel ordre» dans plusieurs wilayas. Ces établissements hospitaliers gelés dans les wilayas du Sud ne seront pas sans conséquences sur la vie dans ces zones, car les habitants parcourent parfois des centaines de kilomètres pour trouver où se soigner. «L'arrêt ou le gel de projets de construction d'écoles et d'établissements sanitaires dans une wilaya du Sud ne sont pas justes, car nous souffrons énormément avec les infrastructures existantes», confie le chef de cabinet d'une wilaya du Sud. La population commence déjà à manifester son mécontentement suite à la mise en place de cette politique qui va ralentir le développement dans la majorité des régions. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a organisé une marche dans la wilaya de Tizi Ouzou le 3 octobre dernier pour revendiquer «le maintien des projets inscrits». Dans la wilaya de Béjaïa, les citoyens ont procédé à la fermeture de plusieurs communes la semaine dernière et ont aussi menacé de fermer la route nationale. Face à cette situation, les walis «ont reçu des instructions pour dépêcher des commissions en urgence afin de calmer et essayer de satisfaire en partie les demandes des zones qui manifestent leur mécontentement», assure une source au ministère de l'Intérieur. Et afin que l'Etat ait les pleins pouvoirs pour le gel et l'arrêt d'un projet, l'article 71 du projet de la loi de finances 2016 prévoit que «des ajustements peuvent être décrétés sur rapport du ministère chargé des Finances, en cours d'année, pour prendre en charge, par le gel ou l'annulation de crédits destinés à la couverture des dépenses, une situation d'ajustement nécessaire en cas de détérioration des équilibres généraux».