A la faveur du 20e Salon international du livre d'Alger, Nawel Louerrad signe, au quotidien, au niveau du stand des éditions Dalimen, son dernier récit graphique intitulé Regretter l'absence de l'astre sorti lors de la 8e édition du Festival international de la bande dessinée (Fibda). Sorti en octobre dernier, lors de la tenue de la 8e édition du Festival international de la bande dessinée d'Alger, Nawel Louerrad signe son troisième ouvrage. Un récit graphique bien intrigant, mais qui dévoile une certaine sensibilité chez cette architecte et artiste de formation. Nawel Louerrad est d'un tempérament très posé. Ses mots sont mesurés, ses coups de dessin sont parfaits et ses textes sont d'une haute portée intellectuelle. Quand il s'agit de plancher sur un travail de création, sa réflexion, tourmentée par l'identité, est des plus poussées. A travers son cahier de croquis de 66 pages, elle propose des personnages redondants et obsessionnels à la fois. Les postures de corps se donnent à décrypter avec beaucoup de retenue. Regretter l'absence de l'astre, fragmenté en trois chapitres autour d'un ex-humain - d'un ex-astronaute répondant au nom de Boualem, qui se transforme en chardonneret en 2098. Il s'agit d'une histoire tortueuse mais non linéaire qui aborde la blessure de l'abandon. L'oiseau est porteur de symbole. Dans ce travail de création, il y a de la philosophie et de la psychanalytique. Comme elle le précise si bien, son histoire n'est autre qu'une méditation autour du sentiment d'abandon. C'est aussi l'histoire d'une blessure transgénérationnelle qui s'est passée dans sa famille maternelle. Cette bande dessinée en noir et blanc se décline sous la forme d'un questionnement en plein parcours sensoriel et émotionnel autour de la blessure de la séparation. Quand elle a commencé à plancher sur ce projet, elle avait opté pour une fiction, mais au fur et à mesure, elle a décelé des symboles cachés. «J'ai compris ce que je voulais raconter de manière cachée et de me raconter moi-même. Je ne décris pas, mais je trace ce parcours. C'est un processus naturel qui vient avec l'âge. Il faut revenir vers soi pour revenir vers le ‘‘nous''. On a des prétentions quand on est plus jeune. On peut généraliser ou parler au nom des autres. Mais on décèle ou on les comprend qu'à travers soi», explique-t-elle. Pour ceux qui ont suivi le cheminement de Nawel Louerrad, ses histoires sont des traversées. Elle ne cherche jamais à clôturer ses récits. Il y a comme une forme d'écho, de résonance et un genre de suite avec son avant-dernière publication Les vêpres algériennes et Regretter l'absence de l'astre. Si le «je» était autrefois impudique chez Nawel, aujourd'hui elle revient vers le jeu du «je» d'une manière spontanée. En effet, elle était dans le «nous», dans l'indifférenciation. C'est parce qu'elle ne considère pas que l'existence d'un individu différencié est naturelle, même possible, qu'elle comprend, mieux aujourd'hui, que les deux doivent exister.