Après avoir été au cœur du système de soutien au monde rural et paysan -notamment par sa forte implication dans la gestion des fonds alloués dans le cadre du PNDRA- la CRMA vient de se transformer enfin en véritable banque du monde agricole. Une gestation qui n'aura pas été sans douleurs et qui aura failli démobiliser la paysannerie à qui elle offrait des prestations limitées uniquement aux assurances. C'est ainsi que depuis la forclusion du PNDRA dont le bilan en matière de réalisations reste à faire, la caisse s'était attelée à peaufiner son statut de banque avec toutes les implications et les bouleversements que cela sous tendait. Il lui fallait également obtenir l'agrément de la part de la banque centrale qui n'interviendra qu'en mars 2005. C'est ainsi qu'après avoir réussi à renouveler, non sans difficultés, ses conseils d'administration, la nouvelle institution de l'agriculture vient de franchir un nouveau pas en direction des ses anciens sociétaires, devenus par la force des choses, ses clients. Dans ce cadre, la caisse régionale de Mostaganem vient d'organiser des portes ouvertes afin de mieux sensibiliser les paysans à la nouvelle relation qui doit se mettre en place ainsi que sur une première approche de ce que sera l'apport de la banque à tous les projets du monde rural et paysan. Cette rencontre s'est tenue jeudi dernier au siège de l'antenne de Mostaganem. Les fellahs et les autres opérateurs dans la sphère agricole et agro-industrielle seront nombreux à s'y rendre non seulement pour s'informer mais, pour certains d'entre eux, pour y déposer leurs premiers dossiers de crédits bancaires. Peu d'engouement chez les fellahs Ainsi, à l'approche de la saison d'importation de la semence de pomme de terre, ce sont les opérateurs activant dans cette sphère qui seront les premiers à venir s'enquérir des procédures de mise à disposition des lignes de crédit pour cette campagne dont le démarrage est imminent, notamment les taux d'intérêt pratiqués qui varient en fonction de la nature et de la durée du projet. Pour les opérations à court terme qui sont financées à hauteur de 80%, le taux d'intérêt étant fixé à 6,8%. De leur côté, les crédits de campagne qui peuvent s'étaler de 3 à 12 mois et qui concernent l'acquisition d'intrants agricoles, ils sont plafonnés à 70% avec un taux d'intérêt de 6,8%. Avec ses taux d'intérêts variant entre 6 et 8%, la CRMA Banque espère limiter, voire juguler la migration de sa clientèle potentielle vers d'autres institutions concurrentes. Ce n'est pas la quarantaine de dossiers - dont 25 financeront la campagne de pomme de terre - déposés auprès de ses structures locales qui parviendront à inverser la tendance. Car, pour nombre d'opérateurs du monde agricole, ce n'est pas le crédit - fut il à des taux compétitifs - qui pourrait remplacer les aides généreuses et parfois sans contraintes octroyées jusque là par l'Etat. Beaucoup ne désespèrent pas de voir revenir le temps bénit des largesses sans bornes du PNDRA. A la CRMA, on semble s'orienter vers plus de professionnalisme, plus de célérité et surtout plus de pragmatisme. Reste à lever la principale contrainte des garanties qui pourrait en dissuader plus d'un. En effet, chaque postulant sera invité à fournir une contrepartie qui se traduira par une hypothèque des terres ou tout autre bien. Le statut actuel des terres publiques -sur lesquelles les fellahs n'ont qu'un droit de jouissance-, sera un écueil psychologique que peu de bénéficiaires oseront franchir.