La campagne agricole qui vient de recevoir ses premières précipitations aura également vu la mise en route effective des crédits bancaires. Comme si elles s'étaient données le mot, les deux institutions bancaires que sont la CRMA-Banque et la BADR auront fait le choix de financer en partie les achats de semence de pomme de terre. Dans les deux cas, les observateurs du monde rural sont convaincus que quelque chose de nouveau est en train de se mettre en place au profit de l'activité agricole. Alors qu'habituellement les aides accordées sous forme de crédits, parfois non remboursables, n'atterrissaient qu'exceptionnellement dans les exploitations économiquement viables, nos interlocuteurs sont unanimes pour souligner que ceux parmi les fellahs qui viennent de bénéficier de crédits pour acheter leur semence de pomme de terre sont de véritables producteurs et non des spéculateurs ou des fellahs occasionnels. Les deux institutions bancaires auront ficelé des dossiers parmi les plus sérieux. Car pour la suite, il faudra s'assurer que les emprunteurs puissent rembourser. Ce qui suppose une bonne maîtrise technique de la production et l'existence d'une véritable économie d'entreprise. Perspectives Prometeuses C'est probablement la première fois que les banques se seront fiées à leur propre analyse sans aucune interférence d'aucune autre structure administrative ou corporatiste. Les crédits accordés part la CRMA auront concerné un groupe restreint de producteurs connus pour leurs performances antérieures. Les chèques semblent avoir été plafonnés à 350 000 DA par producteur. Ce qui permettra l'acquisition d'environ 45 à 50 quintaux de semence. De son côté, le producteur doit mobiliser d'autres intrants, comme le fumier, les engrais de fond, le système d'irrigation et les travaux de plantation, d'entretien et de récolte. Avec l'augmentation sensible du prix de la semence, cette participation des banques aura pour conséquence de soulager sensiblement la facture initiale. Une très utile assurance que le travail sera bien mené. Ce qui augure de bons rendements qui permettront la mise en place d'une relation de confiance entre les opérateurs. Pour les deux banques, cette première opération aura servi également à rassurer le monde économique sur l'engagement effectif des financiers aux côtés des véritables producteurs. Ceux nombreux qui commençaient à douter des véritables intentions des banquiers s'en voudront certainement de ne pas avoir entamé les démarches pour en bénéficier. Car parmi les 15 000 fellahs de la région, ils sont quelques dizaines à offrir toutes les garanties de remboursement. Les autres devront encore une fois attendre une manne gouvernementale qu'ils sont les seuls à savoir dilapider en investissements souvent fictifs.