Au moment où les prix du pétrole ne cessent, depuis juin 2014, de chuter pour stagner autour de 50 dollars le baril, l'agence internationale de l'énergie (AIE) prévoit un rééquilibrage, mais qui ne saurait être effectif avant 2020. «Le marché pétrolier devrait progressivement se rééquilibrer autour de 80 dollars le baril, à l'horizon 2020, grâce à une offre moins abondante» a estimé, hier, dans sa grande étude prospective annuelle, l'Agence internationale de l'énergie. L'AIE n'exclut pas, toutefois, la possibilité d'une période prolongée de prix bas «qui accroîtrait la dépendance (des pays non producteurs de pétrole) aux pays du Moyen-Orient». Selon l'Agence, cette dégringolade des cours «porte en elle les germes d'un rééquilibrage du marché, en encourageant la demande et en réduisant la production future, du fait des coupes opérées par les compagnies pétrolières dans leurs dépenses d'exploration-production». En conséquence, la production des pays non-membres de l'OPEP atteindra un pic avant 2020, avec un peu plus de 55 millions de barils par jour, tandis que celle des pays membres de l'OPEP devrait être tirée par l'Iran et l'Irak, souligne l'AIE. La demande augmentera quant à elle de 900 000 barils, par jour en moyenne chaque année jusqu'en 2020, et elle atteindra 103,5 millions de barils par jour (mbj) 20 ans plus tard, contre 92,7 mbj en 2014. Le scénario d'une faiblesse durable des prix qui continueraient à évoluer autour de 50 dollars le baril jusqu'en 2020 est, pour l'Agence, une hypothèse à ne pas exclure. Les tarifs pourraient ensuite remonter progressivement jusqu'à 85 dollars en 2040, «dans l'hypothèse d'une croissance économique mondiale peu vigoureuse, d'une production de schiste américain résistante et d'un maintien par l'OPEP de sa stratégie». Aux yeux des experts de l'AIE, «cette situation ne profiterait pas nécessairement aux consommateurs», en ce sens que les bénéfices économiques «sont contrebalancés par une dépendance croissante du Moyen-Orient pour les importations de brut et par le risque d'un brusque rebond des prix si les investissements continuent à s'amenuiser». Pour l'AIE, cette situation constituerait «une menace pour la sécurité énergétique et porterait un coup aux efforts d'économie d'énergie nécessaires à la réalisation de la transition énergétique, dans un monde confronté au défi du changement climatique». Pour sa part, le Fonds monétaire international (FMI) n'a pas manqué d'attirer l'attention des pays producteurs de pétrole sur la nécessité de restructurer leurs économies face à la chute des cours de l'or noir. «La situation actuelle est un rappel pressant à la nécessité de se restructurer», a déclaré Christine Lagarde, directrice générale du FMI, à l'adresse des pays dont l'économie dépend largement des revenus de leurs exportations d'hydrocarbures. «Face à cette nouvelle situation, provoquée par les cours du pétrole qui, selon nous, ne constituent pas un phénomène passager mais de long terme, des mesures devront être prises», a ajouté la patronne du FMI, hier au Qatar.