Le différend entre les autorités de la Russie et la groupe pétrolier Shell portant sur le gisement Sakhaline-2 a connu une certaine évolution samedi avec les propos tenus par le porte-parole adjoint du département d'Etat. Les Etats-Unis se sont très inquiets quant à la récente décision du gouvernement russe de retirer le permis environnemental accordé à Shell pour l'exploitation du champ gazier et pétrolier de Sakhaline-2 a déclaré le représentant de l'administration américaine. A cette occasion ,l'administration américaine a demandé à la Russie de tenir ses engagements sur les contrats et ceux de la réunion du G8 dans le domaine de l'énergie. Les autorités russes avaient annoncé lundi dernier le retrait au groupe Shell de l'autorisation de développer le champ géant gazier et pétrolier de Sakhaline-2 situé dans l'Extrême Orient. Shell qui détient 55% des intérêts dans le contrat de partage de production est associé avec les compagnies japonaises Mitsui (25 %) et Mitsubishi (2 0 %). Le retrait par le parquet russe du permis environnemental entraîne automatiquement le retrait de l'autorisation de développement. En annonçant l'annulation par décret de l'expertise écologique fournie par Shell et qui se résume en un document relatif au respect de l'environnement, le parquet a indiqué que le groupe Shell n'a pas fourni de documents suffisamment approfondis et complets pour prouver le respect total des normes environnementales. Le respect des normes sismiques et de l'érosion des sols a aussi été invoqué par le parquet. Shell a contesté la décision en déclarant qu'il était sûr de la conformité du projet aux normes écologiques russes et que les problèmes invoqués ne justifiaient pas l'annulation du projet. Toutefois Shell a réitéré sa volonté de travailler avec les autorités russes pour résoudre le conflit. Le projet Sakhaline-2 est l'un des plus grands investissements dans le monde pour le secteur énergétique. L'estimation au départ de 10 milliards de dollars a été doublée pour atteindre 20 milliards de dollars. Sakhaline-2 doit entrer en production en 2008 avec l'exportation du GNL pour une durée de 30 ans à destination du marché asiatique pour le Japon et la Corée mais aussi pour le marché américain. La difficulté dans ce genre de projets, c'est que les clients sont identifiés et tout retard peut provoquer des distorsions importantes au niveau du marché et des prévisions des acteurs. Sakhaline-2 doit produire environ 9,6 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an et environ 155 000 b/j de pétrole brut. C'est ce qui explique que beaucoup d'experts ont vu dans cette annulation la volonté des autorités russes de renégocier le contrat qui avait été passé à une époque où les prix de l'énergie étaient bas et la Russie affaiblie. Le contrat avait été signé dans les années 1990. En clair le gouvernement russe, selon ces mêmes experts voudraient tirer davantage profit du projet. L'autre point de vue développé est que ce différend entre dans le cadre de la reprise en main par le gouvernement du secteur de l'énergie où il veut exercer un plus grand contrôle sur ses ressources naturelles. Des informations de presse avaient rapporté la semaine dernière que les deux compagnies japonaises associées au projet envisageaient de céder une part du projet à Gazprom, le groupe géant public russe afin d'obtenir l'aval des autorités pour le développement du projet. Plusieurs projets dirigés par de grands groupes pétroliers sont susceptibles de connaître le même sort, selon la presse russe qui a cité Total, Bp. Même le géant américain Exxon serait visé sur son projet Sakhaline -1. Les autorités russes s'apprêteraient à reprocher à Exxon le gonflement des coûts à 17 milliards de dollars au lieu des 12,8 milliards de dollars prévus. Ce qui abaisserait le profit pour la partie russe.Sakhaline-1 doit produire d'ici la fin de l'année 250 000 b/j de pétrole brut. Le lendemain de l'annonce du retrait de l'autorisation de développer le projet ,un membre du gouvernement russe a toutefois parlé de la possibilité d'un compromis. Ce qui confirme la thèse de la volonté des autorités russes de renégocier le contrat. Parmi les points qui seraient évoqués figurent la part de la partie russe dans le projet et l'estimation des investissements qui avaient doublé passant de 10 à 20 milliards de dollars, un volume que la partie russe juge trop élevé. Au vu de la conjoncture internationale et de la situation des marchés de l'énergie, le gouvernement russe et le groupe pétrolier anglo-néerlandais seront amenés à trouver un compromis.