Le président du Mouvement pour la société et la paix (MSP) Abderrazak Makri, craint le pire pour l'Algérie. La situation, explique-t-il, est au bord de l'explosion et l'Algérie risque, avec la crise économique qui s'est installée, l'effondrement avant fin 2016. C'est lors d'une conférence de presse animée au siège de son parti, consacrée à la situation politique et économique qui prévaut dans le pays ainsi qu'au contenu de la loi de finances 2016 que le leader du MSP a dénoncé les manœuvres du pouvoir ainsi que la politique et la vision économique désastreuse adoptées jusqu'à ce jour. Le pouvoir, de l'avis de Makri, maintient sciemment le flou autour des questions sensibles et qui concernent directement le quotidien du citoyen. Il y a, note-t-il, une absence criante de cohésion en matière de prise de décision. «Nos dirigeants veulent maintenir le flou pour que le citoyen ne comprenne pas ce qui se passe et ne pose pas de question. Chaque jour, des rumeurs circulent sur la maladie du Président, son hospitalisation et même sa mort. Et le pouvoir ne réagit pas. Où est l'Etat ? Ce n'est pas normal. Ces rumeurs font presque partie d'une agitation soutenue par un pouvoir qui travaille dans l'opacité», accuse Makri, persuadé que la transparence dans les décisions est un signe de bonne santé d'un Etat. «Notre pouvoir n'est pas transparent. Il ne dit pas la vérité et, aujourd'hui, nous payons les conséquences de cette politique.» Pour le patron du MSP, l'heure est grave et l'environnement international n'est pas pour arranger la situation. «Avec les actes terroristes qui se multiplient de par le monde, nous avons l'impression de vivre une guerre mondiale entre Etats par procuration. Le terrorisme est une sale guerre créée par les Services secrets et dont les victimes sont des innocents», déplore Makri, qui condamne tout acte terroriste à travers le monde. Interrogé sur la démarche du groupe des «19-4» qui demande audience au président Bouteflika pour lui faire part de la gravité de la situation, Makri a refusé de s'étaler sur le sujet, se contentant de dire que «ces personnes étaient proches de Bouteflika, c'était leur symbole». Bouteflika et le gouvernement sont responsables du désastre Et d'ajouter : «Aujourd'hui, elles se sont réveillées et leur réveil ne peut que nous réjouir.» Le conférencier ne partage pas l'avis de certains qui disent que l'opposition ne fait rien : «Nous sommes structurés et nous travaillons pour aller vers une transition démocratique. Le pouvoir doit comprendre que notre parti n'appellera jamais les gens à sortir dans la rue.» «Mais nous sommes convaincus que qu'ils finiront par se révolter contre le pouvoir», avertit Makri, qui plaide pour «une transition économique consensuelle» accompagnée d'«un consensus politique» en faveur du développement national. L'orateur a indiqué que la transition économique escomptée par le MSP exige la «constitutionnalisation de la préservation des ressources énergétiques du pays pour les générations futures». Makri a consacré une grande partie de son intervention à critiquer le projet de loi de finances 2016, qui confirme l'«échec cuisant» de la politique du gouvernement. La LF 2016, affirme-t-il, renferme des dispositions dangereuses qui portent atteinte à la souveraineté nationale et aux fondements de notre Etat. «Les articles 66, 62, 71, 99 ainsi que d'autres, s'ils venaient à être approuvés, mèneront l'Algérie vers le désastre. Ce projet de loi de finances est conçu par des hommes d'affaires algériens avec la bénédiction d'étrangers. Par conséquent, ce texte sert les intérêts de cette catégorie», indique Makri, qui accuse le président Bouteflika, le gouvernement et la majorité parlementaire d'être responsables de cette situation. «Nous prenons à témoin l'opinion publique. Ces responsables répondront de leurs actes devant l'histoire», a conclu le président du MSP.