Makri tire sur tout ce qui bouge Le président du MSP laisse entendre l'organisation d'une élection présidentielle anticipée en 2017. Le président du MSP a laissé entendre hier à Alger que «le bruit relatif à l'organisation d'une élection présidentielle anticipée en 2017, court et enfle dans les coulisses et les salons algérois», a fait savoir hier le président du MSP, Abderezzak Makri. Pour preuve, «la résistance farouche des partisans du quatrième mandat, par rapport à l'état de santé du chef de l'Etat, s' affaiblit de plus en plus. Et l'action du groupe des 19, illustre bien cet état des lieux», dixit Makri qui s'est exprimé hier, longuement au siège de son parti sur le projet de loi de finances 2016 et la situation politique prévalant dans le pays. Tout en affirmant que «le pays sera rattrapé par une inévitable faillite budgétaire en 2017», il indique que «le gouvernement s'efforce actuellement de gagner du temps et surtout préserver durant l'année 2016 la paix sociale déclinante par le biais du maintien des transferts sociaux, c'est-à-dire, tant que le pays est sous le règne du président Bouteflika», a-t-il indiqué. Or, poursuit-il «faute de ressources financières, l'Etat ne pourra plus se permettre le luxe de couvrir les transferts sociaux en 2017». Makri prévoit qu'«en fin 2016, les avoirs du Fonds des réserves de changes (FRR) ne seront que de 121,2 milliards de dollars, une somme qui permettra la couverture de 23 mois d'importations seulement. La facture des importations atteindra les 70 milliards de dollars, tandis qu'en novembre 2018, les réserves de changes seront complètement asséchées». Dès lors, «le pouvoir qui continue à régenter le pays par les rumeurs, l'intox et toutes sortes de fuites dans le but d'amuser la galerie et de tromper l'opinion publique, se prépare à un véritable accaparement de l'Etat à travers une poignée d'hommes d'affaires privilégiés et sous un tutorat étranger». «Cela est corroboré par plusieurs indices, dont la livraison du pays et ses entreprises sur un plateau d'argent aux privés en collaboration avec l'étranger, renoncement à la démocratie et abandon de toute capacité de contrôle, appauvrissement du peuple algérien et écroulement de l'Etat sous le poids des dettes extérieures», indique-t-il encore. Le responsable du MSP dénonce sur sa lancée le projet de loi de finances conçu par une poignée d'hommes d'affaires locaux et étrangers dans une conjoncture internationale marquée par une véritable guerre mondiale géostratégique par le biais du terrorisme», a-t-il soutenu. En fait, dit-il «le projet de loi de finances 2016, dont le contenu brille par des indications de l'échec flagrant du gouvernement, comporte des dispositions hautement dangereuses pour le pays», dit-il. «La responsabilité de l'échec incombe aussi bien au président Bouteflika, qu'au gouvernement, les responsables du DRS ainsi qu'à tous ceux qui l'ont soutenu», ajoute-t-il. «Ni l' APN, une assemblée croupion issue de la fraude et fonctionnant par des injonctions, ni le MSP à lui seul ne peuvent faire barrage à ce projet de loi comportant des dérives dangereuses aux conséquences incommensurables sur l'avenir du pays». Dans ce contexte, Makri, souligne que «si sa formation refuse d'appeler les citoyens à sortir dans la rue quoi qu'il arrive, en revanche, dans le cas où les Algériens sortent spontanément pour manifester, le MSP prendra ses responsabilités». Makri cite dans ce sillage l'article 66 dudit projet qu'il qualifie de très dangereux. «Cet article porte sur l'ouverture du capital de toutes les entreprises publiques, y compris Sonatrach et Sonelgaz aux privés. L'article en question ne comporte aucun garde-fou quant à la cession totale de ces entités économiques aux capitaux privés au bout de cinq ans», a-t-il expliqué. Il a critiqué également l'article 59, qui «introduit la possibilité de recours au financement étranger pour les grands projets avec autorisation et garantie de l' Etat». Par cette disposition, «le gouvernement reconnaît l'échec de sa politique précédente consistant à recourir systématiquement au financement des projets structurants par le Trésor public», indique-t-il. «L'article 71 relatif à la création d'une nouvelle instance qui se chargera de transférer des ressources financières d'un secteur à un autre, sous prétexte d'équilibrer le budget de l'Etat», est-il relevé. L'article 26, relatif à la mise sous contrôle de la commission des recours institué auprès de chaque wilaya du président de la Chambre de commerce et d'industrie au lieu d'un magistrat, s'inscrit sur la même enseigne, selon Makri. L'article 53, instituant la cession au privé de l'immobilier touristique est aussi dénoncé par Makri. «Le PLF 2016 vise le bradage du patrimoine industriel, foncier et financier au profit d'opérateurs privilégiés», indique-t-il. Le résultat obtenu ne reflète pas la tendance hautement dépensière de l'Etat depuis plus de 15 ans. «Nonobstant le montant astronomique de 800 milliards de dollars dépensé par le gouvernement depuis 1999, le taux de croissance n'a pas dépassé 4%», souligne-t-il. «Ce texte de loi conçu d'une manière non démocratique remet en cause la souveraineté nationale car ses concepteurs n'ont de comptes à rendre à personne», appuie-t-il. Enfin, à travers sa tentative de réhabiliter Chakib Khelil, Saâdani voulait faire pression sur la justice algérienne, a-t-il indiqué.