Le fascicule, qui contient dans le détail les droits de l'enfant, sera distribué dans les établissements du primaire et du moyen à la faveur d'un accord avec le ministère de l'Education nationale. La célébration de l'anniversaire de la Convention des droits de l'enfant, adoptée en 1989, a été marquée par la présentation par le ministère de la Solidarité d'un guide des droits de l'enfant et d'une «enquête préliminaire» sur les adolescentes victimes de violences sexuelles. Elaboré avec le concours de l'Unicef, le guide permettra de vulgariser les droits l'enfant contenu dans les textes ratifiés par l'Algérie. «Ce guide est une fierté. Il contient dans le détail les droits de l'enfant. Le document sera distribué dans les établissements du primaire et du moyen à la faveur d'un accord avec le ministère de l'Education nationale. L'enfant connaîtra ainsi ses droits et aura la possibilité de sensibiliser ses parents», s'est réjouie, hier, la ministre de la Solidarité, Mounia Meslem, lors d'un point de presse en marge de la cérémonie de présentation du guide. A une question sur «le respect des spécificités algériennes» dans la rédaction de ce document, Mme Meslem a revêtu l'habit du défenseur de l'islam en disant, avec emphase, que «c'est la religion de l'Etat et du peuple» et même la référence de la Déclaration universelle des droits de l'homme «dont 87% des règles s'inspirent du Sermon d'adieu du Prophète». La ministre embraye sur la mondialisation et «la crise morale» que traverse la société algérienne, avant d'annoncer la présentation «dans les plus brefs délais» d'un programme qui impliquera les imams. Mme Meslem, qui évoque l'important arsenal juridique mis en place par l'Etat, annonce l'adoption «prochaine» par le Parlement des révisions du code pénal qui criminalisent toutes les violences à l'égard des enfants et des femmes. «L'Algérie a un arsenal juridique important. Elle a adopté toutes les conventions liées aux droits de l'enfant. Donc notre Etat est à l'aise. Concernant par exemple le travail des enfants, le BIT a salué l'effort de notre pays où la proportion de cette catégorie ne dépasse pas 1%», assure la conférencière. Signalement nécessaire et plainte des enfants victimes Aucune échéance n'est donnée par la ministre concernant l'installation des instances prévues dans la loi sur la protection de l'enfance adoptée en juillet dernier : délégué de l'enfance et organe national de protection et de promotion de l'enfance. La présentation de l'«enquête préliminaire» sur les adolescentes victimes de violences par sa réalisatrice, la directrice du Centre d'information pour les droits des enfants et des femmes (Ciddef), maître Naït Zaï, a donné lieu à certaines observations : définition de l'adolescence de certains thèmes juridiques, recueil des données auprès des services de sécurité (DGSN et gendarmerie) et des centres d'écoute, absence de certaines infractions et ambiguïté de certaines expressions de la loi pénale (bonnes mœurs, abus sexuel, mineure, etc.). S'appuyant sur des statistiques des services de sécurité, l'avocate, qui fait remarquer la hausse de certaines infractions comme les viols, les attouchements, les incestes et les atteintes à la pudeur, adresse une recommandation aux services de sécurité pour uniformiser leurs canevas et centraliser leurs données. La présidente du Ciddef a plaidé pour la reprise — prochaine selon Mme Meslem — d'une enquête de prévalence comme celle de 2006, sur les violences faites aux femmes. Tout en insistant sur la centralisation des signalements par les victimes ou leurs parents, Me Naït Zaï signale une jurisprudence intéressante : poursuite ou même peine d'emprisonnement pour la mère qui ne signale pas une atteinte contre son enfant. Juge français et consultant de l'Unicef, Jean-Pierre Rosenczveig suggère dans ce cadre, un point : la possibilité pour un enfant, victime de violence sexuelle, de porter plainte lui-même.