Initiative - Comme dans d'autres pays, l'Unicef a lancé hier, à Alger, une campagne de sensibilisation qui s'étalera sur une année pour rendre ce phénomène plus «visible». Cette campagne verra la participation de plusieurs acteurs institutionnels dont les ministères partenaires de l'Unicef, la société civile (Scouts musulmans algériens, réseaux Nada et Wassila), le Ciddef, la Fédération des personnes handicapées, les médias et les enfants. Deux principaux thèmes ont été abordés par un panel de spécialistes, la violence sexuelle et domestique et la violence à l'école. Le but de cette initiative est de sensibiliser à tous les niveaux la population pour signaler toutes les formes de violence que subissent des millions d'enfants en Algérie, dira une intervenante. «La violence est une forme sournoise et devient inquiétante d'où l'intérêt de cette initiative». Le but majeur étant de pousser les gens vers le signalement et la dénonciation de toute agression afin de stopper ce fléau qui ne cesse de prendre de l'ampleur en Algérie. La représentante du ministère de la Solidarité nationale, Khadidja Laâdjel, dira à ce propos qu'«à la lecture des faits divers rapportés par les médias, nous sommes interpellés. Nous devons affiner une approche sociale pour définir qui sont les victimes, quelles sont les conséquences de ce fait social qu'il faudra gérer avant qu'il ne soit trop tard». Les violences sexuelles proviennent-elles du milieu domestique ? En réponse, Mme Laâdjel, dira : «Je ne peux pas être affirmative, mais ce sont des cas isolés qu'il faut régler d'une manière ou d'une autre.» Pour la représentante du réseau Wassila, Fadila Chitour, «la violence sexuelle est un événement bouleversant dans la vie d'un enfant». D'où des effets désastreux sur son parcours scolaire, son développement psychologique et son intégration sociale. Plus de 90 % des violences sexuelles sont le fait de proches connus, à savoir la famille. La moitié de ces violences est liée aux actes incestueux. Un taux jugé «élevé», par Abderrahmane Arar, du réseau Nada. Ce dernier a mis en exergue la difficulté de la prise en charge des abusés sexuellement. «La violence sexuelle est la plus difficile à régler, aussi bien pour la victime qui a droit à la réparation que pour la société, car la victime peut devenir acteur de violence. Des filles abusées sont exploitées dans des réseaux de la prostitution et de la drogue à Alger et dans d'autres wilayas du pays», a-t-il relevé. Arar revient sur les chiffres, plus de 32 000 victimes de violence, 7 000 enfants en danger moral et plus de 13 000 maltraités. Abordant le cadre juridique, Nadia Aït Zaï, du Ciddef, affirme, pour sa part, que «le code pénal prévoit des sanctions dans les cas de violence sexuelle ou d'atteinte à l'intégrité physique des enfants, mais il faut supprimer l'alinéa admettant la violence légère (gifle, fessée)». Mme Aït Zaï, voudrait que «les deux ordonnances de 1972 relatives à la protection de l'enfant contre le danger moral et physique, soient maintenues». Des représentants des SMA, du ministère de l'Education nationale et de la Fédération des personnes handicapées ont également participé aux débats qui ont été sanctionnés par des propositions.