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Vulnérabilité et précarité des femmes seules à El Tarf
Il n'y a pas de statistiques les concerant
Publié dans El Watan le 26 - 11 - 2015

On ne connait pas leur nombre. Ces femmes seules, mariées et séparées, divorcées, veuves ou pire mères célibataires.
Elles sont invisibles car la société écrasée par le poids des coutumes les a effacées ou, au mieux, reléguées aux derniers rangs des statuts sociaux. Pour les mieux loties, avec un ou deux enfants et encore jeunes, elles sont hébergées dans la maison familiale, souvent à peine tolérées par les frères.
C'est là l'un des effets des droits d'héritage qui dans une fratrie dépouille la fille au profit des garçons empressés de vendre pour partager le bien. Les autres se réfugient dans des habitations précaires parce qu'on n'y pas de loyer à payer, de préférence dans un voisinage accueillant et protecteur.
Les femmes seules vivent dans la crainte et l'angoisse perpétuelles. C'est la crainte d'un avenir incertain pour les enfants et l'angoisse d'un quotidien qui peut basculer à tout moment. Toutes ont peur pour leurs enfants stigmatisés à l'école par les cruautés enfantines de leurs camarades et dans la rue où, comme leurs mères, ils sont plus vulnérables et donc des proies plus faciles pour les agressions, et aujourd'hui le rapt, le viol et le meurtre.
Houria a 37 ans et deux filles de 12 et 7 ans dont l'une est handicapée moteur et non voyante. Son mari est en prison. Il a écopé de 5 ans pour une affaire de drogue et il lui reste 18 mois à tirer.
C'est son beau- frère qui paye les médicaments de la petite et il donne aussi un peu d'argent en plus des 5000 DA que reçoit Houria du filet social et des 3000 DA d'aide aux handicapés.
Elle vient de bénéficier d'un logement social dans le cadre du programme de résorption de l'habitat précaire mais dit-elle «dans la baraque, c'était mieux car je n'avais pas les charges à payer et mes voisins étaient très prévenants. Ici dans le bloc, nous sommes des inconnus les uns pour les autres et c'est chacun pour soi. Mes enfants doivent se contenter d'un verre de lait pour diner». Houria craint par-dessus tout d'être abordée, ce serait la ruine de son ménage qui ne tient qu'à un fil. En effet, son mari lui a promis de revenir dans le droit chemin et de s'occuper de sa famille.
SANS LOGEMENT ET PEU DE PERSPECTIVES
Chérifa est taxi clandestin. Elle va partout avec sa Jack… Batna, Alger, Constantine ou encore en Tunisie. La route ne lui fait par peur, les clients si. Même accompagnés de leurs épouses ou de leurs mères, ils sont grossiers, obscènes et souvent tentent le coup sans retenue. C'est 9 fois sur dix. Les hommes vertueux sont devenus rares. «Il n'y a plus de morale ni de pudeur», exclame-t-elle. Elle a 44 ans et trois bouches à nourrir.
Mariée et divorcée deux fois, elle ne perçoit que 13 000 DA de pension alimentaire alors elle se débrouille pour coller les deux bouts. Elle vit chez sa mère qu'elle entretient et elle n'aura jamais de logement à elle car «l'Etat n'octroie pas de logement à une femme qui vit chez sa mère». Et de poursuivre «Le plus dur, c'est quand mes enfants reviennent de l'école bouleversés parce quand leur demande d'amener leur père et qu'ils n'en ont pas ou qu'on les raille parce que leur mère est divorcée (Hadjala) sous-entendue qu'elle est débauchée». Nadira a 36 ans, 2 filles. Pour elle, c'est vraiment la galère.
Elle n'a aucun revenu et vit de la charité et des aides des associations caritatives. Elle a quitté son premier mari à 23 ans parce qu'il l'a poignardé et elle le lui a pardonné pour alléger sa peine de prison. Son second mari est en prison pour une affaire de drogue, il sort bientôt et Nadira espère qu'il trouvera un boulot honnête pour subvenir correctement aux besoins de la famille.
Mais elle en doute quand même car c'est sa deuxième affaire avec la justice. Nadira dit craindre par-dessus tout le rapt de sa fille et il espère que la malveillance des mauvaises langues cessera avec le retour de son mari. Mounira qui a 24 ans, mère d'une fille de 8 ans, est divorcée.
C'est une enfant de la DAS adoptée dès l'âge d'un an dans une famille modèle où elle a eu une enfance heureuse jusqu'à la mort de sa mère adoptive. Elle se marie, pas civilement, à 17 ans mais quand sa belle-famille apprend que c'est une fille adoptée, on la sépare de son mari qui la met à la porte avec un bébé dans les bras. Grâce à des relations de son père adoptif qui continue de s'occuper d'elle, elle trouve refuge dans un centre de la DAS et à 18 ans arrive à enregistrer son mariage malgré l'opposition de son mari. Elle va vivre seule dans une baraque pendant 4 ans sous la bienveillance de son père adoptif qui lui assure l'essentiel, la nourriture, les vêtements et les médicaments.
Elle craint par-dessus tout le rapt et le viol de sa fille, elle parle même d'inceste de la part des membres de la famille de son mari. «Il n'y a personne pour protéger ma fille en dehors de moi et j'ai peur qu'elle prenne le mauvais chemin».
Mounira, Cherifa, Nadira et Houria vivent dans la peur des autres et d'elles-mêmes. Une peur qui a pris des proportions à la lumière des annonces presque quotidiennes de rapts et de meurtres d'enfant. Il n'en fallait pas plus pour semer la terreur chez ces femmes invisibles et vulnérables, vivant sous la menace permanente.


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