Il est de tous les combats. Infatigable et intrépide. Il aurait pu être derrière un guichet de banque en train d'appliquer ce qu'il a appris en formation et à créditer des comptes. Ou encore dans des délassements mondains à satisfaire les caprices de sa jeunesse. Mais Yanis Adjlia a choisi les tourments du monde militant. Il n'a pas l'âge des vieux briscards, mais pendant au moins ces trois dernières années il a enfourché toutes les causes justes. Natif de Bgayet, il a à peine 27 ans. Lorsque les transporteurs urbains ont augmenté le prix du ticket en 2012, Yanis s'est rebiffé. Quand les boulangers ont majoré le prix de la baguette de pain, il était au front du mécontentement. Le jour où la commune a accordé un espace vert à un promoteur, il est monté au créneau. C'est parce que ce genre de décisions le désole que, depuis 2012, Yanis est président de l'Adic, l'Association pour la défense et l'information des consommateurs qu'il a mise sur pied avec ses camarades. Tout un programme d'action et de prises de positions franches. C'est surtout un franc parler aussi qui dérange et qui a valu au jeune Adjlia des plaintes en justice. A défaut de la cause des consommateurs, Yanis aurait bien pu épouser celle de l'environnement, si ce n'est le pullulement des associations du genre. Mais, c'est là juste une question de cadre qui ne conditionne pas l'engagement de notre militant endurci, fidèle au combat identitaire amazigh et à Matoub Lounès. Les banderoles revendicatives et hurlantes que l'on aperçoit accrochées régulièrement sur la rampe de la cité CNS, c'est lui. Et le maire lui en veut. En avril 2014, lorsque la rue vibrait contre le quatrième mandat de Bouteflika, Yanis était de la partie. L'une des photos qui immortalisent ces moments de lutte a illustré un article en ligne du Monde.fr. Et il en garde une fierté. Ce n'est pas là le seul aspect de la vie «publique» du jeune homme. Au fond de cette intrépidité, il y a un grand cœur. Derrière tout l'élan de solidarité qui s'est tissé autour des migrants, dont beaucoup d'enfants, qui ont longtemps vivoté dans la ville, c'est lui également. Dîners collectifs, collectes de vêtements, matchs de foot, coupes de cheveux, photos souvenirs, veillées… de grands moments de solidarité, d'émotion et de chaleur humaine qui n'ont cessé qu'avec le rapatriement des migrants. «L'Etat est démissionnaire, en tant que citoyens nous ne devons pas les ignorer», aime-t-il à répéter. Entouré d'enfants, Yanis semble chercher son propre bonheur, lui enfant unique jusqu'à ses 20 ans. Son enfance a été quelque peu troublée et aujourd'hui son credo pourrait bien être ce refrain humaniste de Macias : «Malheur à celui qui blesse un enfant.»